BNP Paribas pourrait reprendre la banque allemande IKB

Par Romaric Godin  |   |  443  mots
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Selon la presse allemande, la banque spécialisée dans le financement des PME intéresserait la banque française. Les discussions seraient déjà avancées.

BNP Paribas pourrait acquérir IKB, la première banque allemande frappée par la crise financière en 2007. Selon des informations parues ce jeudi dans le "Financial Times Deutschland" (FTD), le groupe bancaire français et l'actuel actionnaire d'IKB, le fonds d'investissement américain Lone Star, sont en négociations exclusive pour la vente de la banque spécialisée dans le financement des PME. Le quotidien allemand précise que les discussions sont déjà fort avancées puisque BNP Paribas aurait déjà "depuis des semaines" achevé l'étude des livres de compte d'IKB. En revanche, le périmètre de l'opération serait encore incertain. Chez BNP Paribas, on se refuse en tout cas, pour le moment, à tout commentaire sur ces informations.

Un tel rachat aurait un caractère symbolique. Car IKB est devenu outre-Rhin le symbole des excès des banques. Dès 2007, l'établissement de Düsseldorf avait en effet sombré en raison de la présence démesurée de produits à subprimes américains dans son bilan. L'effondrement du marché de ces titres et du marché immobilier outre-Atlantique à l'été 2007 avait alors conduit, à la fin de l'année, l'Etat allemand à intervenir et à injecter 10 milliards d'euros dans le bilan de la banque pour éviter une faillite qui, malgré la petite taille d'IKB, aurait eu des répercussions sur l'ensemble du secteur financier allemand. Finalement, en 2008, Lone Star avait racheté la banque pour 150 millions d'euros avant d'annoncer à l'automne dernier son intention de la céder.

Nouvelle stratégie

Pour BNP Paribas, une telle opération aurait un sens. La banque française, surtout présente outre-Rhin dans la banque de financement des grands groupes, a en effet entamé, après le rachat de Fortis, une nouvelle orientation stratégique, visant à s'installer sur le marché des PME de taille plus modestes, exactement le coeur de la clientèle d'IKB. Mais l'affaire n'est pas sans risques. Certes, IKB va mieux. Au cours de l'exercice 2010/2011, le groupe a retrouvé l'équilibre opérationnel après une perte un an plus tôt de près d'un milliard d'euros. La réduction du bilan s'est poursuivie, avec une baisse de 12,4%, à 31,4 milliards d'euros. Pour autant, l'assainissement est loin d'être achevé. IKB ne peut se financer sur les marchés et même si elle a remboursé en avance 400 millions d'euros de titres garantis par l'Etat au cours de son exercice 2010/11, elle continue à utiliser 8,6 milliards d'euros de garanties publiques. Autrement dit, IKB vit encore de l'aide de l'Etat. Et en 2012, un de ces titres, pour un montant de 5,6 milliards d'euros arrivera à échéance. L'intégration d'IKB ne sera donc pas chose aisée.