Les banques sont-elles si fragiles ?

Par Laura Fort  |   |  513  mots
Latribune Infographie
Pris dans la tourmente des marchés, les établissements européens sont en moyenne valorisés à 0,7 fois leurs fonds propres, bien loin de leur niveau d'avant la crise.

La valorisation du secteur bancaire touche un point bas historique atteint en mars 2009. Crise des dettes souveraines, dégradation de la note des États-Unis, prévisions de ralentissement économique, rumeurs en série... Ce cocktail s'est révélé explosif pour les titres des banques françaises et européennes, qui ont dévissé mercredi et joué au yo-yo jeudi 11 août.

L'actif net rapporté à la capitalisation boursière révèle que les établissements bancaires européens sont valorisés en moyenne à 0,7 fois leurs fonds propres selon les analystes financiers (0,7 fois pour les banques espagnoles, 0,5 fois pour les françaises, et 0,3 fois pour les italiennes). En France, le niveau de valorisation est estimé à 0,6 pour BNP Paribas, 0,4 pour Société Générale; Générale et Natixis, et 0,3 pour Crédit Agricole. « Il cristallise toutes les craintes sur les dettes souveraines et le manque de visibilité du marché quant à la solvabilité et à la capacité du secteur bancaire à créer des revenus et à générer du cash », explique Alex Koagne, analyste chez Natixis. Avant la crise financière de 2008, la valorisation des banques pouvait atteindre plus de 2 fois le montant de leurs fonds propres. Le cabinet Fox Pitt Kelton évaluait ainsi le niveau de valorisation de Société Généralecute; Générale pour 2006 à 2, celui de Crédit Agricolegricole à 2,1 et celui de BNP Paribas à 1,9.

Si les banques sont aujourd'hui sous-évaluées, leurs bases demeurent néanmoins solides. « Les évolutions récentes des marchés boursiers n'affectent pas la solidité financière des banques françaises », a martelé Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, dans un communiqué jeudi. La solvabilité des banques françaises est en effet élevée, même si les contours de Bâle III ne sont pas encore finalisés. Frédéric Oudéa, PDG de Société Généralecute; Générale, a certifié que la banque dépassera les 9 % de ratio de fonds propres durs (« core tier one ») à l'heure de l'entrée en vigueur de Bâle III en 2013, sans recourir à une augmentation de capital. À fin juin 2011, son ratio « core tier one » s'établit à 9,3 % contre 8,5 % fin 2010. Et celui de BNP Paribas s'élève à 9,6 % contre 8,4 % l'an dernier. « Les niveaux de capital, appréciés par les fonds propres les plus durs, sont adéquats, et les programmes de refinancement à moyen et long terme sont réalisés dans des conditions tout à fait satisfaisantes », confirme Christian Noyer.

Et si le renforcement des fonds propres a pu peser sur la rentabilité de Société Généralecute; Générale, dont le ROE (« return on equity », rentabilité des fonds propres) passe de 10,9 % à 7,8 % entre juin 2011 et 2010, ceux de BNP Paribas et Crédit Agricolegricole augmentent légèrement, respectivement de 10 et de 30 points de base. La valorisation très basse du secteur laisse néanmoins les analystes perplexes : « Par rapport à leurs actifs nets, c'est évident que les banques sont sous-évaluées. Mais est-ce que cela veut pour autant dire qu'il faut en acheter ? Là, la question est plus délicate », s'interroge Alex Koagne.