Crédit Agricole taille dans son bilan et réduit son endettement

Par Thierry Serrouya  |   |  744  mots
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La banque verte imite ses pairs. Elle réduira de 50 milliards d'euros son endettement entre juin 2011 et décembre 2012.

Les rumeurs courraient depuis quelques jours sur une annonce imminente par Crédit Agricole (CASA) de mesures visant à réduire sa taille de bilan et ses besoins de financement. Des analystes interrogés par Reuters estimaient que la banque verte ne pourrait pas y échapper. Et rejoindrait donc BNP Paribas et Société Générale. Pour s'adapter à « un environnement qui a changé », CASA a annoncé, mercredi, une série de mesures qui vont dans ce sens. À l'image de BNP Paribas et Société Généralecute; Générale, la direction de la banque verte a tiré les enseignements similaires de la crise. Cela nécessite « de réduire l'effet de levier et la taille des bilans ». Dans un communiqué, la banque dirigée par Jean-Claude Chifflet a expliqué que « ces derniers mois ont été marqués pour les établissements bancaires par un contexte de liquidité durablement sous contrainte ».

CASA annonce une réduction structurelle de 50 milliards d'euros de son endettement entre juin 2011 et décembre 2012, soit un peu plus de 3 % de ses actifs. Comparé à ses concurrentes françaises, c'est beaucoup moins : 10 % pour BNP Paribas et environ 13 % pour Société Généralecute; Générale. Dans la foulée, le programme de refinancement de CASA sur les marchés de moyen et long terme passera de 22 milliards d'euros en 2011 à 12 milliards d'euros en 2012.

Revue de portefeuille

Voilà pour les grandes mesures. Sans donner trop de détail, la banque cite trois leviers pour y arriver. La banque de financement et d'investissement (BFI) fait partie du lot. Une structure dont la réduction pérenne du besoin de financement sera de 15 à 18 milliards. Mais CASA ne donne pas plus de précisions sur les actifs qu'elle envisage de céder dans la BFI. Selon nos informations, des activités de crédit seraient cédées à un fonds américain. La BFI a déjà bien réduit la voilure en vendant à Citic Securities, en juin dernier, 19,9 % de CA Chevreux et CLSA. Et mardi, la banque a annoncé l'arrêt de son activité de fusion et acquisition en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dont le siège est à Dubaï. La banque va aussi procéder à une revue de portefeuille avec l'arrêt progressif de certaines activités. S'ajoutent un désengagement accéléré de certaines activités en cours d'arrêt et la focalisation de la croissance sur les métiers à forte rentabilité intrinsèque et à plus fort taux de « cross selling ». Certains analystes regrettent toutefois que l'accent n'ait pas été mis davantage sur le « I » de la BFI. Il est vrai que choisir entre la rentabilité et le risque n'est pas toujours facile.

Dans les services financiers spécialisés, la réduction de besoin de financement sera de 9 à 11 milliards d'euros avec, entre autres, la cession de portefeuilles de crédits. Quant à la banque de proximité en France et à l'international, elle bénéficie d'une priorité avec un passage de 70 à 75 % du capital alloué. CASA se veut plus proche des territoires et de l'économie réelle comme indiqué dans son projet de groupe. Les marchés n'ont pas réagi à ces mesures, le titre cédant 0,25 % à 5,17 euros ce mercredi, après trois séances de hausse. L'action perd 45,55 % depuis le début de l'année. Th. Se

 

BNP Paribas et Société Générale coupent dans leur BFI

Contraintes par des environnements boursiers et réglementaires défavorables, les deux plus grandes banques françaises cotées, BNP Paribas et Société Générale, ont déjà entamé la réduction de leur activité de banque de financement et d'investissement (BFI). Le président de Société Générale, Frédéric Oudéa, avait ainsi annoncé le 12 septembre dernier une réduction de 5 % de ses coûts en BFI, alors que la tempête boursière s'abattait encore sur la banque rouge et noire. Egalement très attaquée en bourse en partie à cause de ses activités de marché en dollars, BNP Paribas a annoncé deux jours plus tard vouloir réduire ses besoins de financement en dollars en BFI de 60 milliards de dollars supplémentaires d'ici la fin 2012. Elle en avait profité pour indiquer avoir déjà diminué de 22 milliards de dollars ses besoins de liquidités en dollars au premier semestre, anticipant la crise. Au total, BNP Paribas a annoncé qu'elle allait
réduire le total de son bilan d'environ 10% d'ici la fin 2012. M. Th.