Et si l'aide à Dexia menaçait le "triple A" de la France ?

Par latribune.fr, avec agences  |   |  855  mots
Copyright Reuters
Laurent Fabius a exprimé ses craintes sur le sujet. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s'est au contraire voulu rassurant. Le ministre de l'Economie a, pour sa part, indiqué qu'une solution serait annoncée jeudi. Quant à la Belgique, elle a approuvé la création d'une "bad bank".

Après l'annonce du sauvetage de Dexia, le gouverneur de la Banque de France rassure la France et le ministre des Affaires européennes, Jean Leonetti, la zone euro. La participation de l'Etat français au sauvetage de la banque en difficulté Dexia ne constitue pas une menace pour la note souveraine "triple A", a déclaré mercredi le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. 

L'ancien Premier ministre socialiste, Laurent Fabius, avait déclaré quelques heures auparavant que la France exposerait sa note souveraine "AAA" si elle se portait au secours de Dexia. "Je trouve ce propos très excessif et à vrai dire assez inexact", a dit Christian Noyer sur Europe 1. "Les Etats eux-mêmes ne vont pas garantir davantage que ce qu'ils ont garanti il y a quelques années."

Le scénario le plus probable pour éviter une faillite de Dexia prévoit un cantonnement de ses actifs à risques, estimés autour de 100 milliards d'euros, dans une structure de défaisance bénéficiant de la garantie des Etats français et belges.

Christian Noyer a précisé que la Banque de Belgique et la Banque de France, fourniraient autant de liquidités que nécessaire à Dexia "pour faire en sorte que les opérations de restructuration se passent très bien".

De son côté, l'agence de notation Fitch a été rassurant. Les effrots de l'Etat pour stabiliser le secteur bancaire pourrait même avoir "un impact positif pour sa note souveraine, même s'ils se traduisent par une hausse de ses engagements financiers", a déclaré aujourd'hui à Reuters Maria Malas-Mroueh, analyste de Fitch Ratings chargé de la France. "Il est clair qu'une augmentation des engagements financiers n'est pas une bonne chose, mais les efforts visant à soutenir le système bancaire peuvent être positifs", a-t-elle ajouté.

Caisse des dépôts et Banque postale mis à contribution

Par ailleurs, le projet de reprise d'une partie des activités de l'établissement franco-belge par La Caisse des dépôts et la Banque postale a été confirmée ce mercredi matin par le ministre français de l'Economie. Un conseil d'administration extraordinaire de La Poste a d'ailleurs été convoqué pour 19 heures a indiqué à Reuters une source proche du dossier.

Les prêts aux collectivités locales françaises seraient également concernée par cette décision. "C'est évidemment la piste la plus sérieuse, parce que c'est la plus solide, la plus expérimentée, celle que l'on connaît le mieux", a justifié François Baroin sur RTL, en précisant que le conseil de surveillance se prononcera jeudi. "Nous garantissons la protection des dépôts pour les particuliers, essentiellement en Belgique, et nous garantissons la poursuite de la continuité de l'activité des collectivités locales pour financer leur investissement", a-t-il ajouté.

De son côté, le ministre des Affaires européennes, Jean Leonetti, a déclaré sur Canal Plus : "Dexia a des problèmes depuis bien longtemps. Cela fait vingt ans qu'il y a des problèmes de gestion. C'est un événement très particulier qui n'a rien à voir avec la dette grecque". Il a ajouté : "la France garantit les créanciers et les gens qui ont déposé leurs biens dans cette banque. Il n'y aura pas de faillite, de déficits sur ce que l'on va rembourser à ceux qui ont mis en dépôt leur argent".

"Dix milliards d'euros ont été recapitalisés rien que dans le premier semestre pour les banques françaises et c'est l'exposition des banques françaises à la Grèce, donc ça suffit à l'heure actuelle pour les banques françaises", a encore affirmé Jean Leonetti, assurant en outre que dans cette crise, "l'Europe n'est pas à la ramasse".

Nous partageons de plus en plus l'opinion que nous avons besoin d'une approche concertée, coordonnée en Europe", a expliqué mardi le commissaire européen chargé des affaires monétaires, Olli Rehn. "Le capital des banques européennes doit être renforcé afin de leur donner une marge de sécurité et ainsi de réduire l'incertitude" sur les marchés, a-t-il ajouté.

"Bad bank"

Par ailleurs, le gouvernement belge a pour sa part annoncé mardi soir avoir approuvé la création d'une "bad bank" pour isoler les actifs toxiques de Dexia et protéger ses autres activités. De ce fait, il concrétise ainsi le démantèlement en cours de la banque franco-belge.

Cette structure de défaisance bénéficiera des garanties de la France et de la Belgique. "Il y a eu un accord (au sein du gouvernement belge) pour isoler les charges du passé, avec le cas échéant l'octroi de garanties des Etats belge et français afin de garantir l'activité de Dexia Banque Belgique", a précisé le Premier ministre belge Yves Leterme, lors d'une réunion de ses principaux ministres à Bruxelles.

"Tout ce qui concerne le passé, notamment des emprunts à très long terme qui ont été réalisés avec des autorités locales, va être garanti par les deux Etats", a ajouté en conférence de presse le ministre des Finances, Didier Reynders.