Les banques françaises ont besoin de 8,8 milliards d'euros

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  766  mots
Copyright Reuters
Les établissements français auront besoin de 8,8 milliards d'euros supplémentaire pour se recapitaliser, selon l'Autorité bancaire européenne. Société générale a indiqué ce jeudi vouloir se passer d'aide publique et déclare son intention, comme BNP Paribas de ne pas faire appel au marché.

La France tablait sur 10 milliards, ce sera plutôt 8,8 milliards d'euros. L'Autorité bancaire européenne (ABE) chiffre ainsi les besoins de recapitalisation des banques françaises pour atteindre le ratio de 9% de fonds propre exigé par l'accord conclu dans la nuit à Bruxelles par les dirigeants européens. L'organisme indique avoir calculé les besoins nécessaires sur la base de leurs expositions souveraines à fin juin et des rendements des emprunts d'Etat des différents pays européens à fin septembre.

Le ministre français de l'Economie, François Baroin, a précisé que ces établissements trouveront à se financer "sur leurs fonds propres". "Nous serons très attentifs à un point, c'est que la réduction du bilan pour monter leur niveau de protection de fonds propres se fera d'abord et avant tout au détriment de la distribution des dividendes et des bonus", a-t-il précisé sur RTL ce jeudi. Au terme de l'accord européen conclu dans la nuit, des garanties publiques pourront êtres mises en oeuvre pour les banques qui en feraient la demande. Mais le ministre a tenu à rassurer en déclarant que "le dispositif d'application de cet accord ne sera pas utilisé par les banques françaises".

BNP Paribas, Société générale et BPCE (Banque Populaire-Caisse d'épargne), maison-mère de Natixis ont des besoins de capitaux supplémentaires de respectivement 2,1 milliards, 3,3 milliards et 3,4 milliards d'euros, selon les estimations indicatives publiées par l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP).

Un montant définitif sera communiqué en novembre, une fois rendus publics les comptes des banques pour le troisième trimestre qui devront s'accompagner de données sur leur capital et leurs expositions aux dettes souveraines. Elles devront ensuite soumettre à leurs superviseurs nationaux des plans de recapitalisation qui devront être validés par ceux-ci après discussions avec l'ABE, précise l'Autorité bancaire européenne.

SOCIETE GENERALE PROMET DE SE PASSER  DE FONDS PUBLICS

Après la bourrasque boursière de cet été, qui a entraîné une chute brutale de leur valorisation, les principales banques françaises ont pris le mois dernier des mesures visant à réduire la taille de leur bilan et à renforcer leurs fonds propres.

Société Générale, perçue par les marchés comme l'une des banques européennes les pus vulnérables à la crise financière, a promis ce jeudi qu'elle serait en mesure d'atteindre le niveau de fonds propres requis par le régulateur européen à fin juin 2012 "par ses propres moyens, sans faire appel aux fonds publics et tout en continuant à financer l'économie française".  Elle ne compte pas non plus faire appel au marché pour trouver les 3,3 milliards d'euros dont elle a besoin.

L'objectif de 9% de fonds propres sera atteint "en continuant de générer du capital trimestre après trimestre et grâce à l'accélération de la transformation du groupe telle qu'annoncée en septembre 2011", assure le groupe dans un communiqué.

Elle projette de se recapitaliser en mettant ses résultats en réserve et en sollicitant ses actionnaires si nécessaire. A travers la réduction de la taille de son bilan, la banque, dont la valeur en Bourse a été divisée par deux depuis le début de l'année, espère augmenter ses fonds propres de quatre milliards d'euros d'ici 2013.

Du côté de ses concurrents, BNP Paribas ne prévoit pas de faire appel au marché pour se recapitaliser et le groupe Crédit Agricole est, quant à lui, considéré comme suffisamment capitalisé et ne devrait donc pas chercher de fonds propres complémentaires.

106,4 MILLIARDS POUR LES BANQUES EUROPEENNES

Pour l'ensemble des pays européens, 106,4 milliards d'euros de capitaux supplémentaires seront nécessaires pour atteindre un niveau de fonds propres "durs" de 9% tenant compte de leur exposition à des pays en crise ou menacés comme la Grèce, l'Espagne ou l'Italie, selon des chiffres indicatifs publiés mercredi par l'Autorité bancaire européenne (ABE). Ce chiffre s'élève à 30 milliards d'euros pour les établissements grecs, 26,1 milliards pour les banques espagnoles, 14,77 milliards pour les italiennes et 5,2 milliards pour les allemandes.

Conformément au plan de recapitalisation adopté par les dirigeants européens, elles auront jusqu'à fin juin pour atteindre ce niveau de fonds propres et se verront entre-temps interdire de verser des dividendes et des bonus. 

Le régulateur européen va dans le même temps s'assurer que les banques du Vieux continent augmentent leurs fonds sans pour autant se livrer à un "diminution excessive" de leurs engagements et de la taille de leur bilan, "afin d'en limiter l'impact potentiel sur l'économie réelle".