La Réserve fédérale fait broyer du noir aux détenteurs de dollars

Par Isabelle Croizard  |   |  469  mots
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Le billet vert a subi un sérieux revers après la décision de la Fed de bloquer les taux à un niveau voisin de zéro jusqu'à fin 2014, ce qui a ravivé l'hypothèse du lancement d'un QE3.

Le dollar a fait les frais des annonces surprises en série faites mercredi soir par la Réserve fédérale américaine, à l'issue de son premier conseil de l'année et de la conférence de presse de son président Ben Bernanke. En ouvrant la voie au maintien de taux exceptionnellement bas pendant encore trois ans, la Fed a donné un premier coup de poignard au billet vert. Le dollar restera assorti de taux voisins de zéro au moins jusqu'à la fin de 2014, alors qu'antérieurement la Fed ne laissait anticiper un statu quo que jusqu'à la mi 2013. De quoi rendre les investisseurs, toujours en quête de rendements, extrêmement méfiants. Mais la Fed avait d'autres armes de destruction massive en réserve, même si la fixation d'un objectif d'inflation à long terme de 2% a été plutôt bien accueillie, puisqu'elle l'aligne sur la plupart des autres grandes banques centrales. Lors de la présentation de sa remise à jour trimestrielle, elle a révisé en baisse ses prévisions de croissance pour 2012, désormais comprises entre 2,2 % et 2,7 %. Malgré un pronostic de recul du taux de chômage entre 8,2% et 8,5%, la banque centrale de Washington a littéralement "zappé" les récentes statistiques plutôt encourageantes sur l'activité outre-Atlantique. On a notamment appris jeudi que les commandes de biens durables avaient fait un bond de 3 % en décembre, après une progression elle-même révisée en hausse de 4,3 % le mois précédent.

Avalanche d'imprévus

Du coup, les anticipations de possible mise en place vers le milieu du printemps d'un QE3, une troisième phase d'assouplissement monétaire quantitatif, qui s'étaient quasiment évanouies, se sont brutalement réveillées. Au point que des chiffrages sont déjà évoqués: le nouveau programme potentiel de rachat d'actifs est évalué à quelque 500 milliards de dollars, sous forme de titres de dette publique, mais aussi de créances immobilières pour ranimer un marché qui, bien qu'en voie d'amélioration, reste sinistré. Or, on ne le sait que trop bien: la mise en marche de la planche à billets a pour effet de laminer la monnaie qu'elle imprime comme l'ont prouvé le QE1 lancé en décembre 2008 et qui s'est achevé en mars 2010 et le QE2 qui a porté sur 600 milliards de dollars de rachats d'obligations publiques entre novembre 2010 et juin 2011.

Rien d'étonnant donc que le dollar se soit affaissé face à cette avalanche d'imprévus qui lui font de l'ombre. En dérivant jeudi jusqu'à 1,3185 pour un euro, le billet vert affiche une décote de plus de 4% par rapport à son point haut récent qui remonte au 16 janvier, à la réouverture des transactions après la dégradation de la note souveraine de neuf pays de la zone euro part Standard & Poor's.