Après l'union monétaire... l'union bancaire

Par Sophie Rolland  |   |  578  mots
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso estime que l'union bancaire pourrait voir le jour dès 2013.Copyright Reuters
Dans sa dernière Revue sur la stabilité financière, la Banque centrale européenne estime qu'après l'union monétaire, il est temps de créer l'union bancaire. Une idée défendue le même jour par José Manuel Barroso, Christian Noyer, ou encore Pierre Moscovici...

A l?unisson avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso qui, dans une interview au Financial Times ce mardi, envisageait la création d?une union bancaire, la Banque centrale européenne estime dans sa dernière revue sur la stabilité financière qu?après l?union monétaire, il est temps de créer l?union bancaire. Cela n?a rien d?une coïncidence. D?ailleurs l?idée est également défendue par le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, dans le Wall Street Journal. De son côté, Pierre Moscovici, le ministre français des finances, a déclaré que le plan d?aide aux banques espagnoles était la première étape vers cette union bancaire.

Supervision, garantie des dépôts et mécanisme de résolution des crises bancaires

Celle-ci pourrait être mise en place dès 2013, sans qu?il y ait besoin de modifier les traités communautaires, a estimé José Manuel Barroso. Sous quelle forme ? Il s?agirait de créer un organe européen transfrontalier de contrôle des banques, un fonds commun de garantie des dépôts (un peu sur le modèle du FDIC aux Etats-Unis), et un fonds de démantèlement financé par des taxes sur les établissements financiers.

L'Allemagne freine des quatre fers

Les réactions n?ont pas tardé. La Banque centrale allemande a estimé que l?union budgétaire était un préalable à l?union bancaire. "Dans une union bancaire, une crise du système bancaire de l?un des pays peut nécessiter le recours aux contribuables des autres pays?, a déclaré la vice présidente de la Bundesbank, Sabine Lautenschlaeger, plaidant pour un contrôle des sommes engagées. Quant à la Finlande, elle soutient l'idée d'une union bancaire, mais elle s'opposera à ce qu'elle devienne une "union de transfert de fonds", a prévenu mardi le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen.

Minimiser les risques pour les contribuables en mettant les banques à contribution

Pour la BCE, une telle union aurait trois objectifs. D?abord, le renforcement de la supervision des banques, qui irait dans le sens d?une plus grande intégration financière et d?une meilleure gestion des déséquilibres macroéconomiques. L?union bancaire, et en particulier le fonds de garantie des dépôts et l?existence d?un mécanisme de résolution des crises bancaires, présenterait aussi l?avantage de briser le lien entre les banques et les Etats dont elles dépendent. Enfin la mise à contribution de l?industrie financière permettrait de minimiser les risques pour les contribuables. Contrairement à Jose Manuel Barroso, l?institution estime cependant que « la mise en ?uvre de ces réformes prendrait certainement du temps et requerrait des changements législatifs substantiels ».

Trois risques : les dettes souveraines, la rentabilité des banques et la disponibilité du crédit

Dans sa dernière revue semestrielle, la BCE identifie trois risques pour la stabilité financière de la zone : une aggravation de la crise de la dette pour les émetteurs souverains, une baisse de la rentabilité des banques, en raison de la dévalorisation des actifs et des pertes de crédit que risque d?entraîner la baisse de la croissance, et enfin une baisse excessive du niveau de levier des banques, en raison du changement de modèle entraîné par la nouvelle réglementation de Bâle 3.