Perdre son triple A. Et alors ?

Par Mounia Van de Casteele  |   |  451  mots
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Lorsqu'un Etat voit sa note dégradée par une agence de notation financière, bien souvent les intervenants sur les marchés l'ont déjà anticipée. Conséquence: leurs réactions sont mdérées voire nulles. Ce sont plutôt les perspectives négatives et les annonces des banquiers centraux qui comptent.

Un non-évènement pour certains experts, la dégradation de la note française par l'agence Fitch Ratings vendredi dernier semble avoir un impact limité sur les marchés. Lundi, le taux d'emprunt à 10 ans a grimpé de seulement deux points de base à 2,21%. Il était à 2,20% ce mardi à 14h après avoir ouvert à 2,21%. Un mouvement de détente qui n'est pas très significatif pour Ronan Blanc, gérant taux chez Quilvest Gestion. Et ce, pour plusieurs raisons.

Aucun effet de surprise

Tout d'abord, il s'agit d'une énième dégradation. "L'agence Fitch est en effet la 3e agence à ôter à la France son Triple A. Ce qui exclut donc tout effet de surprise", analyse Thierry Jabes, stratégiste pour 360 Asset Managers. Il faut dire que les intervenants sur les marchés ont appris à anticiper. "Les agences de notation ne font que regarder dans le rétro", poursuit Thierry Jabes. Sachant que "Fitch est la plus petite des trois agences financières. Une nouvelle dégradation de la part de Moddy's ou de Standard & Poors aurait eu, selon lui, beaucoup plus d'impact".

Les banques centrales sont plus importantes


Ensuite, les déclarations des banquiers centraux paraissent quant à elles avoir beaucoup plus d?importance que les dégradations des agences de notations, estime encore Thierry Jabes. Ainsi les annonces de Mario Draghi début juillet et celles de la Fed confirmant la poursuite de sa politique monétaire ultra accomodante pèsent beaucoup plus sur les marchés. En sachant aussi que les références ont baissé. "Les 2A d'aujourd'hui sont les AAA d'hier", analyse Ronan Blanc.

Les entreprises, victimes collatérales

Reste un effet indirect sur les entreprises. En vertu de la méthodologie des agences de notation, une entreprise peut en effet au maximum être notée deux rangs au-dessus de son Etat d'origine. Si les Etats se retrouvent dégradés, les entreprises risquent donc également de passer dans la catégorie inférieure. Ce qui implique alors des difficultés pour se refinancer sur les marchés. Notamment auprès des fonds monétaires qui demandent au minimum un Triple B, rappelle le gérant taux chez Quilvest Gestion.

Il faut également regarder du côté des assureurs, ajoute Ronan Blanc. En effet, "s?il n?existe pas de critères contraignants pour les emprunts d?Etat, il y en a pour les emprunts d?entreprises. Une dégradation de leur notation pèsera sur les besoins en capitaux. A titre d?exemple, une entreprise notée BB devra apporter quasiment le double des fonds propres demandés à une entreprise notée Triple B", conclut-il.

Pour aller plus loin: Historique: Mario Draghi promet des taux bas pour longtemps