Que deviendront les billets grecs en cas de Grexit ?

Par latribune.fr  |   |  578  mots
"Les billets en euros où qu'ils sont produits ont la même valeur faciale et le même pouvoir libératoire", affirme la Banque de France.
La paranoïa a réussi à contaminer quelques cerveaux européens, laissant croire que les billets en euros imprimés par la Banque de Grèce pourraient perdre toute valeur. Tandis que la Banque de France et les spécialistes tentent de rassurer, la théorie du complot, elle, est alimentée sur la toile.

Au lendemain du référendum, si certains Européens sont angoissés à l'idée de voir disparaître la valeur de certains de leurs billets de banque, dites leur qu'il n'y a aucun risque. Une "abracadabrante théorie" parcourt la toile : selon elle, pour la même somme détenu, certains billets n'auraient pas la même valeur, atteste Le Figaro.

De l'inconnu à la théorie conspirationniste

Elle est née d'une confusion, ou plutôt d'une insignifiante caractéristique, méconnue de la plupart du commun des Européens : chaque billet de banque en euros dispose d'une lettre permettant de savoir où il a été imprimé. Au dos des coupures, se trouvent deux lettres et dix chiffres. Si la première lettre de cette série est un U, il vient tout droit de la Banque de France, si c'est un V, d'Espagne, un X, de la Bundesbank (Allemagne), et enfin si c'est un Y, c'est qu'il provient de Grèce. Plutôt discret, c'est justement sur cette caractéristique que des théories quasi conspirationnistes se sont construites.

La première lettre "S", signifie que le billet provient d'Italie.

"Ils essaient de cacher que le X signifie que le billet a été émis par l'Allemagne et le Y par la Grèce", assure dans une interview de 2011 l'économiste Antal Fekete, partisan de l'étalon-or. Mais pour un grand nombre de spécialiste, cela reste toutefois "une légende urbaine", affirme le quotidien.

L'ancien PDG d'HSBC Invoice Finance, Pascal Ordonneau, a déclaré au Figaro que "si un billet est émis par une banque qui n'a pas bonne réputation, quelqu'un peut ne pas vouloir l'accepter, ou ne vouloir l'échanger contre seulement une partie de sa valeur, de peur que la banque d'origine n'honore pas ce billet".

Un bon et un mauvais euro ?

Et pourtant, "les billets en euros où qu'ils sont produits ont la même valeur faciale et le même pouvoir libératoire", assure la Banque de France. De plus, chaque commerçant, et chaque banque qui refuse d'accepter des euros grecs est passible de poursuites judiciaire. Inévitablement, toutes les monnaies qui font partie de l'euro ont la même valeur. Autrement dit, un billet en euro n'a jamais été plus fort qu'un autre...

Alors doit-on vraiment cacher ses billets allemands et ne payer qu'avec des billets grecs ou espagnols ? Pas vraiment. Les banques nationales n'impriment pas les billets pour un état en particulier mais pour toute la zone euro, de Chypre, en passant par la Roumanie jusqu'en Irlande, elle ont simplement choisis de se partager les coupures. La Banque de France par exemple, première productrice de la zone euro, imprime en grande partie des petites coupures telles que des billets de 5, 10 ou 20 euros (39% de la production des billets de 10 dans la zone euro), tandis que l'Allemagne imprime particulièrement les grosses coupures de 100, 200 et 500.

Plus de valeur en cas de disparition ?

En 2012, une agence de voyages britannique avait conseillé à ses clients de «se débarrasser» des euros grecs, les alertant que les billets pourraient perdre toute leur valeur si la Grèce sortait de l'euro. Elle a aussi conseillé de se débarrasser des euros espagnols... «au cas où».

Et même en cas de Grexit, la Grèce n'aura tout simplement plus le droit d'imprimer des euros. Les billets grecs seront donc amenés à disparaître, et peut-être même à devenir le "précieux" des collectionneurs.