Charbon : Axa frappe un gros coup

Par Delphine Cuny  |   |  619  mots
Thomas Buberl, le directeur général d'Axa annonçant ses nouveaux engagements pour le climat au One Planet Summit ce mardi.
Au One Planet Summit, le patron de l’assureur a annoncé qu’il allait quintupler, à 2,4 milliards d’euros, ses désinvestissements dans le charbon en excluant tous les plus gros producteurs et développeurs de nouvelles centrales, qu’il n’assurera plus non plus. Les ONG applaudissent.

« No new coal ! », pas de nouveau charbon : lorsque Thomas Buberl, le patron d'Axa, a annoncé ce mardi les nouveaux engagements de l'assureur français contre le changement climatique, lors d'une table ronde avec le ministre Bruno Le Maire au One Planet Summit, des applaudissements nourris ont fusé dans cet auditorium pourtant sagement attentif. En 2015, son prédécesseur, Henri de Castries, avait prononcé une formule qui fit date, qu'« un monde à +4 degrés ne serait plus assurable » et pris de premières initiatives en faveur du climat.

Deux ans après, Thomas Buberl va un cran nettement plus loin : Axa va quadrupler ses investissements verts (énergies renouvelables), de 3 milliards (déjà réalisés) à 12 milliards d'euros d'ici à 2020 (l'équivalent de 2% de ses actifs pour compte propre), « soit deux fois plus que la recommandation de Christiana Figueres [ la principale négociatrice de la COP21] » a souligné Thomas Buberl.

Le premier assureur mondial (en termes d'actifs non bancaires) va aussi multiplier par cinq ses engagements de désinvestissements dans les énergies fossiles, de 500 millions à 2,4 milliards d'euros, en excluant désormais les entreprises réalisant plus de 30% de leur chiffre d'affaires dans le charbon (contre 50% auparavant), et 700 millions d'euros de plus en cessant d'investir dans l'industrie des sables bitumineux. Il indique aussi qu'il n'assurera « plus aucun projet de construction de centrale à charbon ni d'entreprise d'extraction de sables bitumineux et de pipelines associés ».

« Si l'on investit dans des activités qui ne sont pas durables, nous le sentirons du côté de l'assurance : les activités à forte intensité carbone font peser des risques sur la santé. Nous devons cesser d'investir dans le non-durable pour éviter des conséquences négatives sur la planète et sur la santé », a expliqué le directeur général d'Axa.

« Les activités non-durables doivent devenir des activités "ininvestissables" et inassurables », a-t-il complété.

Premier grand investisseur à sortir totalement du charbon

La partie désinvestissement est celle qui intéresse le plus les ONG, qui veulent couper les financements des énergies fossiles, et cherchent à créer de l'émulation entre concurrents en présentant des entreprises en modèle. Les Amis de la Terre et l'ONG allemande Urgewald ont applaudi, soulignant que « Axa est le premier grand investisseur à utiliser la "Global Coal Exit List" et à exclure de son portefeuille les plus gros producteurs de charbon ainsi que les plus gros développeurs de nouvelles centrales à charbon. »

« Axa va beaucoup plus loin que les autres investisseurs internationaux, tels que le fonds de pension du gouvernement norvégien et Allianz », a réagi Heffa Schücking, la directrice de l'ONG Urgewald.

« En faisant le choix de désinvestir de RWE, ou d'entreprises énormes et diversifiées comme Marubeni, l'un des plus importants développeurs de centrales à charbon, ou Glencore, le huitième producteur de charbon au monde, Axa se positionne comme un véritable leader. On retrouve ces entreprises dans les portefeuilles de quasiment tous les grands investisseurs », a-t-elle souligné.

Axa peaufine son image de meilleur élève de la classe climat : Thomas Buberl a fait valoir que l'assureur s'est engagé en tant que contributeur clé du groupe de travail sur le reporting financier des risques liés au climat (Task Force on Climate-related Financial Disclosures, TCFD), et son directeur de la régulation, de la responsabilité d'entreprise et de la prospective, Christian Thimann, préside le groupe d'experts à haut niveau sur la finance durable (HLEG), qui remettra son rapport en janvier à la Commission européenne.

« Nous allons mettre en oeuvre les recommandations du TCFD. Nous voulons montrer que nous sommes à l'avant-garde et nous attendons des concurrents qu'ils fassent la même chose pour que nous puissions être comparés », a mis au défi Thomas Buberl.