Les syndicats de la Banque de France dénoncent la "violente charge" de la Cour des comptes

Par Christine Lejoux  |   |  615  mots
L'intersyndicale de la Banque de France « récuse toutes les recommandations » du rapport. A commencer par celle suggérant de ne remplacer qu'un départ à la retraite sur trois, d'ici à 2020. Photo : Reuters
L'intersyndicale de la Banque de France s'insurge contre la recommandation de la Cour des comptes de réduire les effectifs.

Le rapport de la Cour des comptes sur la Banque de France est resté en travers de la gorge des syndicats de l?institution. Publié le 8 février, il pointait notamment du doigt la nécessité, pour la Banque de France, détenue à 100% par l?Etat, de tailler dans ses effectifs afin de réduire ses coûts. Une recommandation qui n?a bien évidemment pas été du goût des syndicats. Dans une belle unanimité, ces derniers ont dénoncé jeudi, lors d?une conférence de presse, un rapport qui sonne comme « une violente charge», et qui se base sur « une démarche tronquée et totalement viciée. »

Près des trois quarts des agents ont plus de 45 ans

Aussi, l?intersyndicale de la Banque de France « récuse toutes les recommandations » de ce rapport. A commencer par celle suggérant de ne remplacer qu?un départ à la retraite sur trois, d?ici à 2020. « Cette recommandation aboutira à une dégradation du service rendu à la collectivité et à l?abandon d?activités cruciales comme la gestion du surendettement.», déplore Michel Felce, conseiller général représentant le personnel de la Banque de France. Pour la simple raison que près des trois quarts des agents de la Banque de France étant âgés de plus de 45 ans, près de 40% du personnel partira à la retraite dans les toutes prochaines années

235.000 dossiers de surendettement gérés en 2011

Pour Michel Felce, le rapport de la Cour des comptes témoigne « d?une méconnaissance évidente des activités nouvelles qui nous ont été confiées depuis la crise financière. » Comme le traitement du surendettement des ménages, qui a représenté pas moins de 235.000 dossiers à gérer pour la Banque de France, en 2011. Ou encore comme la médiation du crédit, qui, avec quelque 25.000 dossiers instruits depuis 2008, a permis de sauver 250.000 emplois au cours des trois dernières années.

13.000 agents à la Banque de France contre moins de 10.000 à la « Buba »

Ces deux missions, au passage, ne font pas partie des attributions de la Bundesbank, la banque centrale allemande, à laquelle la Cour des comptes fait référence dans son rapport. Conséquence, et bien que la « Buba » emploie moins de 10.000 collaborateurs contre 13.000 pour la Banque de France, les syndicats de l?institution française estiment que cette dernière « n?est pas en sureffectifs, bien au contraire. »

Les syndicats de la Banque de France sont d?autant plus remontés contre la Cour des comptes que, selon eux, son rapport ignore également les efforts entrepris ces dernières années. A savoir la réduction de 10% des effectifs de l?institution, de 2004 à 2009, dans le cadre de son plan de redressement. Un plan que Christian Noyer lui-même, le gouverneur de la Banque de France, avait rappelé au bon souvenir de la Cour des comptes, le 8 février. Ajoutant que « ne remplacer qu?un départ (en retraite) sur trois ne se fonde sur aucune hypothèse réaliste, sauf à envisager une réduction significative du périmètre des activités. »

Les syndicats veulent un débat public sur l?avenir de l?institution

Reste que Christian Noyer entend renouveler un départ sur? deux, seulement. Ce qui implique la suppression de 2.500 postes d?ici à 2020. Cette décision, annoncée en décembre, sera détaillée à la fin du premier semestre. Les syndicats, qui jugent cette restructuration « drastique », fourbissent déjà leur armes. « L?avenir de la Banque de France doit faire l?objet d?un débat publique et non d?arbitrages à visée financière entre l?institution et le Trésor », prévient Michel Felce.