Ces banquiers qui se reconvertissent dans le vin

Par Christine Lejoux  |   |  525  mots
Un Petrus vaut aujourd'hui 2.457 euros pour le millésime 2010, contre 538 euros en 2005. Copyright Reuters
Deux anciens banquiers d'affaires de Wall Street sont en en train de lever un fonds de 50 millions de dollars, The Wine Trust, destiné à être investi dans les grands crus.

Il y a une vie après la banque d'affaires. A l'heure où les banques d'investissement licencient par milliers, l'exemple de Brian Mota et de Timothy Clew est à méditer. Ces deux Américains, qui, il n'y a pas si longtemps, travaillaient comme banquiers d'affaires chez JPMorgan Chase et Credit Suisse, sont en train de lever un fonds de 50 millions de dollars, destiné à être investi dans... le vin. Plus précisément, dans les grands crus. The Wine Trust, c'est le nom du fonds géré par les deux quadras, n'est pas à la portée de toutes les Bourses : le ticket d'entrée minimum s'élève à 250.000 dollars, et les frais de gestion annuels représentent 2% du montant investi, sachant que la durée d'investissement est de huit ans. Moyennant quoi, les investisseurs qui auront placé de l'argent dans The Wine Trust pourront espérer un rendement de près de 20% par an.

La « Bourse du vin » a bondi de 195% au cours des sept dernières années

Si Mota et Clew - qui sont par ailleurs de grands amateurs de vin, avec une cave de 500 bouteilles pour le premier et de 600 à 700 pour le second - s'avancent sur une telle rémunération, c'est d'abord parce qu'ils achètent les bouteilles directement auprès de producteurs ou de négociants, sans passer par des courtiers ou des grossistes, si bien qu'il peuvent obtenir des rabais de 25% à 60% sur le prix d'achat. Ensuite, c'est le jackpot pour The Wine Trust, les grands crus se vendant aujourd'hui à prix d'or. Un Lafite-Rothschild vaut 1.307 euros le millésime 2010, contre 490 euros en 2005, et le prix d'un Petrus est passé de 538 à 2.457 euros, dans le même intervalle, selon le site Idealwine. Les clients de The Wine Trust ? Ce sont de grands restaurants, des détaillants ou bien encore des acteurs du London International Vintners Exchange, l'équivalent de la Bourse pour le vin, qui a bondi de 195% au cours des sept dernières années. Une performance à faire pâlir d'envie les investisseurs sur les marchés actions : l'indice parisien CAC 40 a dévissé de 19% au cours des sept dernières années, et le S&P 500 américain a progressé de 21% « seulement. »

10,9 millions de millionnaires dans le monde

Il faut dire que les grands vins, à l'image de l'or, constituent une valeur refuge, particulièrement appréciée des investisseurs en temps de crise. Car, alors que la production de grands crus reste stable, dans le monde, la demande explose, en raison, notamment, de l'augmentation du nombre de millionnaires dans les pays émergents tels que la Chine et la Russie. En 2010, la planète comptait 10,9 millions de millionnaires, un niveau record, selon un rapport élaboré par Merrill Lynch Wealth Management et Capgemini. Les grands crus représentent donc aujourd'hui une classe d'actifs à part entière, au même titre que les actions ou les obligations, avec des volumes d'échanges de 5 à 10 milliards de dollars par an, selon The Wine Trust. Qui compte une dizaine de concurrents, principalement au Royaume-Uni, comme Vintage Wine Fund ou Wine Investment Fund, lequel affiche un rendement annuel de 14,5% depuis 2003.
 

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