La régulation bancaire revient dans la campagne présidentielle

Par Isabelle Repiton, l'Echo  |   |  684  mots
François Hollande veut réformer le secteur bancaire. Copyright Reuters
Oubliée pendant la majeure partie de la campagne électorale, la finance et sa régulation reviennent dans le débat. François Hollande prévoit de retirer la garantie d'Etat aux activités spéculatives des banques.

Au Bourget le 22 janvier, François Hollande avait déclaré que son "véritable adversaire" était "le monde de la finance". Mais une fois les grands principes posés dans son programme - séparation dans les banques des activités spéculatives et des opérations utiles à l'économie, suppression des stocks options, encadrement des bonus, ... - le sujet banque-finances avait déserté la campagne. Pas un mot dans la lettre au peuple français de Nicolas Sarkozy,qui estime avoir déjà fait le nécessaire sur les paradis fiscaux ou avec la création d'une taxe sur les échanges d'actions de sociétés française, de Credit Default Swaps (CDS).

La finance revient sur le devant de la scène

Mais la finance vient de revenir sur la scène électorale. Par Nicolas Sarkozy et ses soutiens d'abord, qui agitent le spectre d'une attaque spéculative sur la France en cas de victoire de François Hollande. Proche de la droite, "atlantico.fr" évoque larumeurd'une vente massive par les banques américaines des obligations du Trésor français, dès le 7 mai, lendemain du second tour. A la gauche de Hollande, Jean-Luc Mélenchon dénonce depuis peu le lancement par Eurex (Deutsche Börse), ce lundi 16 avril, d'un nouveau contrat à terme sur les obligations d'Etat (le FOAT) pour se couvrir contre l'évolution des taux d'intérêt de la dette française.

Pour Mélenchon, il "offrira des moyens considérables aux spéculateurs pour attaquer notre pays". Tout en relativisant le danger, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet regrette dans les Echos, le signal négatif donné par Eurex au marché: " Le moment est inopportun, compte tenu de l'élection présidentielle en France, et des tensions sur les taux espagnols".

"Il n'y a pas de raison que la France fasse l'objet d'une défianceparticulièredesmarchés si le prochain gouvernement affiche clarté et constance dans la trajectoirederedressement budgétaire", a tempéré vendredi 13 avril Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France.

Dans "La Tribune", Hollande réaffirme sa détermination: " Les marchés ne feront pas la loi en France ". Mais il n'a pas réagi précisément sur ce produit. Ce n'est que dans la révisiondela directive européenne sur la régulation financière (CRD4) avec l'interdiction de certains produits ou pratiques spéculatives qu'il trouvera lesmoyensd'agir. "Cette révision va dans le bon sens",  confirme Jérôme Cahuzac, en charge des questions Banques-Finances auprès de Hollande, même si " notre volonté de régulation sera plus ambitieuse ".

Contrer la spéculation

François Hollande veut présenter au Parlementcet été le texte d'une réforme bancaire. Abusivement résumée en séparation de l'activité de banques de dépôt et d'affaires, cette réforme ne veut pas casser les structures mais "débrancher la garantie implicite de l'Etat des activités spéculatives ", explique Cahuzac, afin ne pas exposer l'Etat à des risques mal estimés. "C'est un encouragement au concept de banque universelle 'à la française' alliant dépôt et financement de l'économie " indique-t-il. Pour fixer la limite entre financement des entreprises et de l'investissement et spéculation, il mise sur la concertation et poursuit des discussions qu'il qualifie de "passionnantes et constructives avec les acteurs du secteur bancaire".

Rappel de sa bonne volonté à contribuer à l'économie, la Fédération des banques françaises (FBF), a publié jeudi 12 avril un document intitulé "Les banques françaises au service de l'économie et de la croissance". Il souligne que le crédit aux entreprises a augmenté de 4,1% sur un an.

Moins que de l'élection française, les banques aujourd'hui sont préoccupées par la mise en oeuvre de Bale III avec le renforcement des fonds propres qui leur fait craindre un recours accru par les grandes entreprises au financement par le marché. "Un enjeu de souveraineté pour l'Europe" a prévenu Frédéric Oudéa, président de la FBF, dans "Le Figaro".