Livret A : Noyer veut éviter la déstabilisation des banques et des assureurs

Par latribune.fr  |   |  391  mots
Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France. Copyright Reuters
Le doublement du Livret A risque selon Christian Noyer, gouverneur de la banque de France et président de l'Autorité de contrôle prudentiel, de provoquer des transferts d'épargne massif de l'assurance vie vers les banques. Il préconise donc une période de transition pour laisser le temps aux établissements de s'adapter.

Le doublement du plafond du Livret A, que souhaite mettre en place le nouveau président François Hollande, devrait être réalisé en laissant aux banques et assureurs le temps de s'ajuster sans être mis sous tension, a expliqué lundi 14 mai le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
"Ce qui est traditionnellement la recommandation de l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP, régulateur des banques et des assureurs), c'est que les évolutions soient conduites de telle sorte qu'elles laissent le temps aux établissements de s'adapter", a commenté M. Noyer, qui est également président de l'ACP. Il s'agit ainsi d'"éviter de créer des situations de tension, que ce soit dans le secteur de la banque ou de l' assurance , avant tout, in fine, pour le bon financement de l'économie française".

Le risque :  siphonner l'assurance vie

Concrètement, le doublement du plafond, porté de 15.300 à 30.600 euros, inciterait vraisemblablement des épargnants à délaisser l' assurance vie ou des produits d'épargne bancaire dits de bilan (principalement livrets d'épargne fiscalisés et comptes à terme) pour privilégier le Livret A.
Les banques seraient ainsi privées d'une partie de leurs ressources, tandis que les assureurs pourraient être déstabilisés par une baisse de leurs encours d' assurance -vie et se voir contraints de vendre des actifs dans de mauvaises conditions.

Le logement social n'a pas de problème de financement

Pour M. Noyer, "il faut que le financement suive ce qui est effectivement le besoin de financement du secteur du logement social". Or, "aujourd'hui, nous avons, me semble-t-il, un rythme de financement du logement social qui est contraint par l'offre plus que par les financements", a-t-il ajouté.
"Si les pouvoirs publics décident et réussissent à développer l'offre comme ils le souhaitent, il faudra que le financement soit adapté et suive", a-t-il dit.
Fin 2011, le montant des prêts accordés par le fonds d'épargne, émanation de la Caisse des dépôts (CDC) qui centralise une partie des dépôts de l'épargne réglementée (Livret A, Livret de développement durable et Livret d'épargne populaire), atteignait 133,1 milliards d'euros dont 118,3 pour le seul logement social. A la même date, le total des dépôts de l'épargne réglementée centralisés par la CDC était de 222,5 milliards.