Crédit Mutuel : « Si un scénario catastrophe arrivait, nous serions le seul survivant »

Par Olivier Mirguet, à Strasbourg  |   |  634  mots
Michel Lucas, président du Crédit Mutuel. AFP
Les dirigeants du Crédit Mutuel Centre Est Europe ont fait preuve d'une confiance sans faille dans la solidité de leur banque, lors de l'assemblée générale à Strasbourg vendredi 25 mai.

"Si un scénario catastrophe arrivait, nous serions le seul établissement financier survivant". Alain Fradin, directeur général du Crédit Mutuel Centre Est Europe (CMCEE), n'a pas fait usage de précautions oratoires, en assemblée générale vendredi à Strasbourg, pour vanter la solidité des contreparties que sa banque proposerait à la BCE, en dernier recours, afin de couvrir ses besoins de refinancement.

Devant 6400 sociétaires de la fédération strasbourgeoise, Michel Lucas, son président, a enfoncé le clou : « Nos fonds propres s'élèvent à 28 milliards d'euros. Ce n'est pas une capitalisation boursière, ce sont de vrais fonds propres ».

Après la faillite de Lehman Brothers, le Crédit Mutuel a pris des précautions

« 50 milliards d'euros sont prêts à être mobilisés avec les caisses locales, en covered bonds, et placés en échange d'emprunts à la BCE, qui regorge d'argent », a annoncé Alain Fradin. « Nos liquidités seront une condition vitale en cas de crise. La clientèle nous confie 454 milliards d'euros en épargne. Après déduction des placements en OPCVM, en assurance-vie et les réserves obligatoires, il nous reste 174 milliards d'euros pour alimenter les crédits. Soit 100 milliards de moins que nos besoins. Après Lehman Brothers en 2008 et la crise grecque en 2011, nous avons préparé un scénario, au cas où la machine viendrait à se gripper : inciter les sociétaires à placer dans nos bilans plutôt que sur les marchés financiers, stabiliser nos emprunts sur des durées plus longues ».

Touchée par la crise grecque, la banque gèle  les recrutements en 2012

La baisse des résultats (1,8 milliard d'euros en 2011, contre 2,3 milliards en 2010) du groupe, qui regroupe dix fédérations et le CIC autour du noyau strasbourgeois, a légèrement tempéré l'enthousiasme de Michel Lucas. La dépréciation des emprunts grecs, constatée en aoput 2011, a eu un impact négatif de 329 millions d'euros sur le résultat.« L'année dernière, nos effectifs ont augmenté de 1300 personnes. C'est terminé, il n'y en aura pas un de plus. Formez les gens pour qu'ils passent du fonctionnel au terrain », a-t-il prévenu.

Dans une des figures de style dont il a le secret, Michel Lucas a décliné, à l'aide des cinq lettres du mot « crise », les réponses du CMCEE à quelques défis identifiés : l'épargne prudente et un recours au marché limité à des activités de financement non spéculatifs, l'intelligence collective au plan du groupe. « J'ai 4 % du CIC en bourse, et je m'en fiche royalement », a-t-il concédé, décriant des groupes bancaires concurrents passés du mutualisme au financement par le marché.

L'internationalisation du groupe est sur les rails

L'internationalisation du groupe, démarrée tardivement en 2008, est cette fois sur les rails. Avec Cofidis, détenu à 51 %, Michel Lucas entend renforcer les activités de distribution de crédit dans une dizaine de pays européens. 11 000 salariés sur les 65 000 du groupe sont désormais actifs à l'étranger. Multipliant les accords de coopération, avec les Caisses Desjardins au Canada, rationalisant ses participations en Europe, avec Targo Bank en Allemagne ou Banco Popular en Espagne, le CMCEE multiplie les sources de revenus annexes, comme la téléphonie (700 000 clients abonnés NRJ Mobile) ou, plus classiquement, les commissions sur les services. « Les commissions couvrent l'ensemble de nos frais de personnel », a précisé Michel Lucas.

En France, le réseau d'agences continue de se développer, au rythme de 80 ouvertures par an. Parmi les développements informatiques élaborés par ses filiales, le CMCEE proposera dès le mois de juin une intéressante « offre de retrait aux guichets automatiques, sans carte et sans compte » qui fonctionnera avec la transmission, par le détenteur du compte débité, d'un code secret à l'auteur du retrait.