Le capital-investissement sous la pression des fonds activistes

Par Christine Lejoux  |   |  559  mots
Les assemblées générales des fonds de private equity s'annoncent houleuses. Copyright Reuters
Les fonds de private equity accusant des décotes boursières de l'ordre de 30%, un nombre croissant d'actionnaires activistes exigent qu'ils cessent d'investir pour accélérer le rythme de leurs cessions et, partant, mieux les rémunérer.

Assemblées générales houleuses en vue pour les sociétés de capital-investissement cotées. Le hedge fund (fonds spéculatif) Laxey Partners, qui détient un peu moins de 1% du capital de 3i, réclamera lors de l'AG de juillet un virage à 180 degrés dans la stratégie du fonds britannique de private equity. Laxey souhaite que 3i cesse d'investir, afin de se concentrer sur la cession de ses participations. L'objectif de Laxey : que 3i dégage le plus rapidement possible des liquidités afin de rémunérer ses actionnaires. Il est vrai que ces derniers sont à la diète depuis la crise financière de 2008-2009 : le cours de Bourse du fonds britannique s'est effondré de 58% au cours des trois dernières années, si bien que l'action accuse aujourd'hui une décote de l'ordre de 30% par rapport à l'actif net réévalué de 3i.

Une lente agonie

Quelques semaines plus tôt, en avril, c'est le fonds de fonds allemand Castle Private Equity qui subissait les foudres d'actionnaires activistes emmenés par le hedge fund Abrams Capital. A l'instar de Laxey chez 3i, Abrams exige que Castle entame une stratégie de liquidation, consistant à ne plus investir et à accélérer le rythme de ses sorties. Ce qui signifie, à terme, la disparition du fonds de capital-investissement, une fois toutes ses participations vendues. Une mort lente à laquelle avait été promis en 2010 le britannique Candover, qui n'en finit plus d'agoniser : en liquidation depuis deux ans, le fonds devrait avoir retourné tout le cash possible à ses actionnaires d'ici à 2016, via la cession de ses dernières participations.

Une décote boursière de 30%

Un sort auquel bien d'autres fonds de capital-investissement ne devraient pas échapper, selon les analystes de Numis : « La décote boursière dans le secteur est telle qu'un nombre croissant d'actionnaires va militer pour une hausse de leur rémunération. » Depuis 2008, les cours des fonds de private equity accusent en moyenne une décote de 30% par rapport à leur actif net réévalué. La conséquence de la crise financière, qui n'a jamais réellement cessé depuis trois ans et qui pèse de plusieurs façons sur l'activité des fonds de capital-investissement. D'abord, la chute des marchés d'actions les oblige à déprécier leurs participations, qu'ils doivent comptabiliser en « mark to market », c'est-à-dire à leur valeur de marché. Ensuite, la volatilité de la Bourse les empêche de céder leurs participations à un bon prix. Enfin, la crise du crédit renchérit le coût des emprunts destinés à financer leurs acquisitions. Autant d'éléments qui grèvent les résultats des fonds et, partant, leur capacité à distribuer des dividendes. D'où la colère des actionnaires, qui tentent de « retrouver leurs petits », même au prix de la mort du fonds.

Le risque d'une grande braderie

Une stratégie qui laisse certains analystes dubitatifs. Pousser les fonds de private equity à accélérer la vente de leurs participations, dans un marché déjà difficile, risque de déboucher sur une grande braderie, ce qui ne servira nullement les intérêts des actionnaires. Sans doute vaudrait-il mieux poursuivre les cessions à un rythme normal, tout en affectant une partie du produit de ces ventes à des rachats d'actions, afin de rémunérer les actionnaires, le solde servant à financer de nouveaux investissements.