"Il est urgent de mettre en place un nouveau cadre règlementaire pour l'immobilier"

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  1034  mots
Jean-Pierre Buet / DR
Le nouvel homme fort de la FNAIM a une feuille de route déjà bien remplie. Premier problème à résoudre : le logement mais aussi la concurrence déloyale des mandataires indépendants et les coûts exorbitants des normes environnementales.

La FNAIM, l'organisation patronale des agents immobiliers, change de tête. Après huit ans de bons et loyaux services, René Pallincourt cède la place à Jean-François Buet, élu le 25 mai à 89% par les délégués réunis en assemblée à la Baule. Engagé depuis 22 ans dans l'action syndicale et déjà investi de mandats nationaux au sein de la fédération depuis dix ans, ce petit « nouveau » de 56 ans a déjà bien mené sa barque. Après avoir commencé sa carrière au Crédit Mutuel de Dijon, il se tourne rapidement vers l'immobilier au sein d'une filiale du groupe Pelège. C'est en 1993 qu'il décide de s'installer à son compte et d'ouvrir une agence de transactions spécialisée dans la vente de produits neufs défiscalisés.

Depuis, il a étendu la surface de son entreprise puisqu'il emploie à ce jour environ 25 personnes sur la région de Dijon. Surtout, il a multiplié les initiatives en vue de former et de professionnaliser ses pairs. « La formation et la transmission sont essentiels dans notre métier que l'on connaît mal et que l'on amalgame avec d'autres services immobiliers », assure Jean-François Buet. Son dada depuis des lustres : développer et muscler l'Ecole supérieure de l'immobilier aujourd'hui dotée de 50 centres de formation sur toute la France. Elle est ouverte à tous (membres et non membres de la FNAIM) et propose une large série de cursus allant de quelques jours à 7 mois pour les jeunes et moins jeunes mais aussi les chômeurs en phase de reconversion ou de recherche d'emplois.

Faire preuve de pédagogie

Ce passionné de ski et de moto sait bien ce qui l'attend. La grave problématique du logement ne lui a pas échappé. « Il faut d'abord reconnaître que peu de gens savent vraiment ce que l'on fait. On nous croit dans l'immobilier, en fait on répond au besoin de logement des Français. Et c'est dans ce sens que nous voulons aller », soutient le nouveau numéro un de la FNAIM, qui reconnaît bien volontiers qu'il va devoir faire preuve de pédagogie et que l'on est toujours responsable de ses turpitudes. La gravité n'est bien évidemment pas la même entre les zones tendues et non tendues. « Dans les villes moyennes où j'ai sillonné ces derniers mois, j'ai bien vu que les besoins étaient énormes. Mais attention à bien adapter l'offre en fonction du niveau de revenus des différentes populations », ajoute-t-il.

En attendant les premières décisions du nouveau gouvernement, la FNAIM pousse déjà depuis le début de l'année un projet dénommé Bail puissance 3, reposant sur un rapprochement à trois entre le propriétaire d'un logement ancien inoccupé, un locataire modeste et l'Etat. L'objectif : pousser des propriétaires à louer leur logement vacant. Pour ce faire, ils accepteraient de proposer des prix plafonnés sur les barèmes sociaux. En contrepartie, il leur serait ouvert une déduction fiscale de leurs revenus fonciers, et ce durant 9 ans. Ils pourraient en outre disposer d'une dérogation au régime des plus-values immobilières, soit des abattements annuels de 10 % au-delà de la cinquième année de détention du bien (au lieu du régime progressif applicable depuis le 1er mars). Les bailleurs parisiens qui s'engagent à le pratiquer seraient au surplus exonérés d'ISF et de taxe foncière.

Former et professionnaliser

Autre mission que s'est fixée le nouvel homme fort de ce syndicat professionnel : faire évoluer la règlementation en vigueur de manière à laisser de côté les agents qui se disent immobilier sans l'être et mettre en avant les professionnels qui se sont réellement formés aux techniques, lois et règles du secteur. En clair, Jean-François Buet a bel et bien l'intention de faire le ménage au sein de la profession, le développement des mandataires indépendants, ces réseaux de commerciaux free lance et dérèglementés posant de réels soucis à toute la branche traditionnelle. « Je ne suis pas pour l'extinction de ces nouveaux intervenants. Ce que je ne veux pas, c'est que notre métier soit tiré vers le bas par des personnes susceptibles de dégrader notre image par manque d'expérience », explique Jean-François Buet. Pour cela, il milite pour la mise en place d'un nouveau cadre règlementaire imposant un nombre d'heures de formation obligatoire. Avec en corollaire, l'introduction d'une « vraie » carte professionnelle.

Le coût exorbitant des normes environnementales

Reste le problème de la multiplication des normes environnementales et de leurs coûts. « Si les contraintes deviennent trop importantes, il est à craindre un gel des projets de toute nature ». Et de fait, il semble que dans le créneau de la location de biens situés dans des zones non tendues, les prix s'effondrent si le bien est mal noté en terme énergétique. Par ailleurs, les propriétaires renâclent à entamer des travaux de rénovation compte tenu des nouveaux impératifs environnementaux et des coûts induits. « Il y a assurément trop de règlementations et pas assez de souplesse dans leur mise en ?uvre. L'idéal serait d'abord d'expliquer aux différents intervenants l'intérêt de ces mesures avant de les leur imposer ».

Créer un observatoire fiable

Enfin, le patron de la FNAIM compte porter une attention toute particulière à l'amélioration de l'interconnexion informatique de tout le réseau d'agences et ce, de manière à mieux faire remonter les statistiques de prix et de transactions. De nombreux professionnels se sont effectivement plaints, ces dernières années, des trop grands écarts de prix lors de la publication de statistiques de la part de plusieurs organismes, distorsion qui a nuit à la réputation de ces intervenants.
Une feuille de route donc bien garnie pour ce dijonnais pure souche: « Je suis assez confiant dans le nouveau gouvernement qui, je pense, aura à c?ur de remettre à plat tout une série de dysfonctionnements qui ne militaient pas en faveur de notre profession », estime-t-il.

 

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