Le procès Kerviel apporte de l'eau au moulin de François Hollande

Par Christine Lejoux, avec Reuters  |   |  378  mots
Le procès en appel de Jérôme Kerviel s'ouvre lundi. Copyright Reuters
Le deuxième acte du procès de l'ancien trader de la Société générale, qui débutera lundi, constitue un argument supplémentaire en faveur de la séparation des activités de banque d'investissement de celles de banque de détail, prônée par le Président de la République durant sa campagne électorale.

 Le procès en appel de Jérôme Kerviel, qui s'ouvre lundi à Paris, est du pain bénit pour le nouveau gouvernement français. L'ancien trader de la Société générale, accusé d'avoir fait perdre près de cinq milliards d'euros à la banque, illustre en effet à merveille les risques que les activités de marchés des banques sont susceptibles de faire peser sur les dépôts des épargnants. L'acte II du procès Kerviel apporte donc de l'eau au moulin de François Hollande, qui, durant sa campagne électorale, a martelé son intention de séparer les activités de marchés des banques françaises de leurs activités de détail. 

Une fraude historique

"Il faut se souvenir qu'au moment de l'affaire Kerviel, toute la place de Paris disait que ce type de fraude aurait pu arriver chez n'importe qui d'autre", remarque Christophe Nijdam, analyste financier chez Alphavalue, cité par l'agence Reuters. "Pour l'image de la supervision bancaire française, l'affaire Kerviel, qui est une fraude d'ampleur historique et qui est un record mondial à ce jour, reste une tache", insiste Christophe Nijdam.

Pertes de trading chez UBS et JPMorgan

La réforme du secteur bancaire en France semble d'autant plus inéluctable que les Anglo-Saxons sont déjà à la manoeuvre en la matière, avec la règle Volcker aux Etats-Unis et la norme Vickers au Royaume-Uni. De plus, la crise de la zone euro, qui déstabilise les banques européennes comme l'illustre la déroute de l'espagnole Bankia, et les révélations de pertes de trading chez la suisse UBS et l'américaine JPMorgan Chase constituent, pour nombre d'experts, autant de raisons de réglementer encore davantage le secteur.

Reconquérir l'opinion publique

D'abord très hostiles à ce projet, les banques françaises commencent à se faire à cette idée, afin de revenir en grâce auprès d'une opinion publique qui, crise financière oblige, les accuse de spéculer à tout va. Dans le cas particulier de la Société générale, celle-ci a de plus à coeur de "tourner la page" de l'affaire Kerviel, comme l'a indiqué, le mois dernier, son PDG Frédéric Oudéa, lors de l' assemblée générale du groupe.