Les banques européennes ont versé 18 milliards de dividendes en 2011

Par Christine Lejoux  |   |  535  mots
Les quinze principales banques européennes veulent investir dans de nouveaux produits et services afin de regagner la confiance de leurs clients. Copyright Reuters
Les 15 premiers établissements bancaires ont consacré 46% de leur résultat de net à leurs actionnaires. Une rémunération qu'elles entendent augmenter tout en investissant dans la relation client. Deux objectifs contradictoires dans un contexte économique et réglementaire très difficile.

Les banques européennes veulent tout faire. Augmenter la rémunération de leurs actionnaires, essorés par une chute de près de 30% de leurs cours de Bourse au cours des douze derniers mois, investir dans de nouveaux produits et services afin de regagner la confiance de leurs clients, et, comme si cela ne suffisait pas, réduire leurs coûts. Telles sont les priorités que les quinze principales banques européennes affichent « invariablement » dans leurs rapports annuels 2011, selon le cabinet KPMG, qui les a décortiqués dans le cadre de la sixième édition de son étude annuelle sur la communication financière des banques du Vieux Continent. « Il est difficile d'imaginer comment ces stratégies ambitieuses et parfois contradictoires seront mises en ?uvre dans un environnement économique morose et face à des exigences réglementaires plus strictes », s'étonne KPMG.

Des bénéfices en chute de 26% en 2011

L'an dernier, les banques européennes ont versé 18 milliards d'euros à leurs actionnaires, soit 46% de leur résultat net, au titre de l'exercice 2010. Mais comment espérer distribuer davantage de dividendes, maintenant que leurs bénéfices fondent comme neige au soleil ? L'an dernier, les résultats (courants avant impôts) cumulés des quinze banques étudiées par KPMG - parmi lesquelles figurent BNP Paribas et la Société générale - ont plongé de 26%, à 62 milliards d'euros.

Une chute en grande partie liée à la crise de la dette en Grèce, qui a coûté près de 10 milliards d'euros aux banques européennes, ces dernières ayant déprécié leurs obligations souveraines grecques à hauteur de 71%. Or ce scénario pourrait se répéter. Pour la simple raison que l'exposition des banques européennes à la dette des autres pays en difficulté - Espagne, Portugal, Italie et Irlande - se monte à 206 milliards d'euros, selon l'étude de KPMG. Qui prévient donc que « la défaillance d'un de ces pays, qui n'este pas à exclure, pourrait s'avérer lourde de conséquences » pour les banques.

Une contradiction totale

Une augmentation de la rémunération des actionnaires semble d'autant plus irréaliste que les autorités bancaires exigent des banques qu'elles renforcent leurs fonds propres, au prix, notamment, de distributions de dividendes modérées. Et puis, « satisfaire les attentes des actionnaires, c'est mécontenter l'opinion publique, déjà très méfiante à l'égard du système bancaire », souligne Marie-Christine Jolys, associée chez KPMG. Vice-versa, tenter de regagner les faveurs de leurs clients à coup d'innovations produits et marketing engendrera des coûts supplémentaires pour les banques, ce qui grèvera leurs résultats et, partant, leur capacité à verser des dividendes. Enfin, ces investissements dans la relation client sont en totale contradiction avec la volonté des banques de comprimer leurs coûts.

Certes, entre la crise de la dette dans la zone euro, le marasme économique, la volatilité des marchés financiers et une opinion publique hostile, « les plus grandes banques européennes font face à une situation d'une exceptionnelle complexité », reconnaît KPMG. Mais, justement, il faut moins que jamais tenter d'être au four et au moulin. Entre leurs actionnaires et leurs clients, les banques vont devoir choisir.