Le secteur bancaire au centre de plusieurs scandales retentissants

Par Caroline Pilczer  |   |  551  mots
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La banque Standard Chartered est confrontée à de lourdes accusations par le département des services financiers de New York au sujet de transactions masquées avec l'Iran. Ces déconvenues interviennent après une série de scandales touchant de près le secteur bancaire. Blanchiment d'argent, manipulation du Libor, transactions dans les paradis fiscaux, les banquiers ne sont pas à la fête depuis quatre ans.

La banque Standard Chartered (SCB) donne du fil à retordre aux investisseurs. Sa capitalisation boursière a fondu de 16 milliards de dollars mardi 7 août après une dégringolade de plus de 18% de son cours de Bourse dans la matinée. Sur l'année, le bilan ne brille pas davantage: l'action pique du nez de presque 15% depuis le 1er Janvier.

60.000 transactions avec l'Iran pour 250 milliards de dollars

Et pour cause, la banque britannique est dans le collimateur du département des services financiers (DSF) de New York. Ce dernier soupçonne SCB et sa filiale américaine d'avoir dissimulé l'identité de clients iraniens entre 2001 et 2010. Et ce, sur plus de 60.000 transactions pour la bagatelle de 250 milliards de dollars.
La banque aurait ainsi perçu des centaines de millions de dollars grâce aux frais bancaires liés à son activité en Iran. Et ses clients n'étaient pas des moindres... Parmi eux, la banque centrale d'Iran, et deux institutions nationales, la banque Saderat et la banque Melli.
Sans oublier que la filiale américaine aurait également une présence dans d'autres pays « bannis » par les Etats-Unis comme la Libye, le Myanmar ou encore le Soudan.
Ces accusations s'appuient sur « plus de 30.000 pages de documents, y compris des courriels internes à SCB qui décrivent des infractions au droit délibérées et condamnables » précise Benjamin Lawsky, le responsable du DFS.

Une éventuelle perte de la licence américaine

La banque a immédiatement démenti ces accusations mardi matin. Mais si les faits sont avérés, elle encoure une lourde amende, voire la perte de sa licence à New York.
En 2004, le gendarme américain de régulation financière avait déjà ordonné à SCB d'engager un consultant indépendant pour vérifier ses procédures de contrôles. La banque s'était alors exécutée en recrutant un employé de Deloitte. Mais celui-ci aurait transmis aux autorités de régulation une version « édulcorée » de son bilan.
Benjamin Lawsky exige donc à présent que les opérations de la banque soient supervisées par un agent indépendant choisi par le DSF.

Une affaire parmi beaucoup d'autres

Cet épisode vient relancer avec acuité la chasse aux sorcières des Etats-Unis à l'égard des relations commerciales avec l'Iran. Cette histoire coûte déjà très cher à Standard Chartered et rappelle avec amertume l'affaire de blanchiment d'argent impliquant HSBC. Mais dans le cas présent, il n'est pas question d'argent sale mais de faux et d'usage de faux sur la provenance des transactions opérées. De même, plusieurs banques, dont HSBC sont-elles également impliquées dans le scandale du Libor où plusieurs banquiers se sont entendus pour fixer comme ils le souhaitaient ce taux de référence entre les banques. Différentes enquêtes sont en cours et devraient aboutir d'ici à la fin de l'année. Avec à la clef des annonces qui ne devraient pas améliorer l'image de ce secteur.

Récemment, les banques ont aussi fait polémique sur la question des paradis fiscaux. "En dix ans en France, grâce à ces paradis fiscaux, plus de 600 milliards d'euros ont été soustraits à l'impôt » a déclaré en juin dernier Emmanuel Poilane, de France Libertés dans une enquête publiée par Libération.