Livret A et LDD : le relèvement du plafond plutôt favorable aux PME

Par Mathias Thépot  |   |  583  mots
Copyright Reuters
Le ministre de l'Économie Pierre Moscovici l'a rappelé, le fonds qui centralise les ressources des livrets A et LDD s'adresse aussi aux PME. Les effets bénéfiques du relèvement de leur plafond se feront ressentir plus vite sur les crédits aux entreprises.

Une réforme en trompe l'?il. Le relèvement des plafonds des livrets A et LDD avait initialement pour but de soutenir le logement social. Il pourrait en fait avoir des effets plus rapidement visibles sur le financement des PME. Le ministre de l'économie Pierre Moscovici a ainsi rappelé lors d'un point presse que le Fonds d'épargne qui accueille la part centralisée du livret A, « s'adressait aussi aux PME ». Pour Jean-Philippe Gasparotto, de la CGT Caisse des dépôts, c'est clair, « l'effet sur le financement des entreprises va être beaucoup plus rapide que pour le logement social ».

Le LDD devrait être rapidement plébiscité

En effet, le livret de développement durable (LDD), qui sert à financer les PME et les travaux de développement durable, va voir son plafond doubler à 12 000 euros, alors que celui du livret A va croître de seulement 25% à 19 125 euros. Le succès devrait du coup être immédiat pour le LDD qui offre le même taux de 2,25% que le livret A et qui est également défiscalisé. Et ce d'autant plus qu'il est souscrit par une tranche de la population plus aisée et qui possède une épargne abondante, contrairement aux souscripteurs du livret A, de classes plus populaires.

Les ressources des livrets A et LDD sont dans le même panier

En outre, il est aujourd'hui difficile de déterminer où va exactement l'argent du livret A car depuis la loi de modernisation de l'économie en 2008, « il n'a plus de fléchage possible entre un groupe d'épargne et un type d'emploi », dans le Fonds d'épargne, indique Jean-Philippe Gasparotto. Autrement dit, les ressources des livrets A et LDD sont mises dans le même panier et ne sont pas différenciées quand elles sont utilisées. Il est donc possible que de l'argent du livret A soit alloué au financement des PME. Et cela peut être d'autant plus vrai aujourd'hui que beaucoup estiment que le logement social n'a pas besoin d'argent. Le rythme de financement du logement social étant contraint par l'offre plus que par les financements.
Enfin, les banques ont l'obligation de consacrer les trois quart des nouveaux encours de livret A qu'elles conservent chaque année, en crédits aux PME. 

Le logement social laissé-pour-compte

Le logement social voit du coup ses perspectives se dégrader. Jean Baptiste Eyraud, de Droit au Logement (DAL) dénonce une promesse pour l'instant « non tenue » de doubler le plafond du livret A. Et qui signifie selon lui que l'objectif des 150 000 logements sociaux annoncé par François Hollande « a toutes les chances de ne pas se réaliser » dans les prochaines années. Il dénonce une situation critique en France avec 1,2 million de demandeurs de logements sociaux et au moins 150 000 sans abris.
« On considère que le gouvernement a cédé au lobby bancaire », déplore-t-il. Les banques ont fait feu de tout bois pour tempérer la réforme promise par François Hollande. Au final à moitié satisfaite, la Fédération bancaire française s'est fendue d'un communiqué, craignant « l'impact négatif de la mesure sur la capacité des banques françaises à financer l'économie car les fonds provenant de la collecte du Livret A ne sont pas utilisables à cet effet ». Elle regrette aussi que l'épargne des français ne soit pas « mieux orientée au service du financement à long terme de l'économie, par une action résolue en faveur de l'épargne longue ».