Banques britanniques : "le pire est à venir" selon la Banque d'Angleterre

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  505  mots
Paul Tucker, vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre, Copyright Reuters
Le vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre a tenu des propos particulièrement pessimistes sur l'avenir des banques britanniques. Et pour lui, la régulation qui doit prochainement s'appliquer n'est pas adaptée aux risques qui planent sur la finance.

"Nous vivons une situation très difficile dans le sens où, si des risques importants sont désormais derrière nous, il existe toujours une probabilité réelle, certes pas élevée, que le pire soit encore à venir": voilà ce que Paul Tucker, vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre a affirmé mercredi 17 octobre, lors la conférence annuelle de l'Association des banquiers britanniques à Londres.

Une régulation inadaptée

Selon lui, les établissements financiers britanniques ne seraient pas assez solides pour traverser une nouvelle crise. Et Paul Tucker a mis en garde contre une fronde du grand public si des banques telles que Royal Bank of Scotland ou Lloyds, déjà sauvées par l'argent des contribuables en 2008, devaient encore se tourner vers l'Etat pour leur survie.
La régulation ne serait pas non plus adaptée aux risques auxquels les banques britanniques pourraient être confrontées à l'avenir. "Bâle I, II, III, IV et V ne sont pas configurés pour faire face aux risques "de fin du monde" qui sont actuellement de l'ordre du possible", a-t-il ajouté. Bâle III doit entrer en vigueur en janvier prochain, mais Paul Tucker estime qu'il faut aller plus loin. "Si nous sommes confrontés à un raz de marée, nous serons tous contents qu'il y ait des milliards supplémentaires dans le bilan des banques, qui pourront alors rester privées, plutôt que de se retrouver dans le giron de l'Etat", a-t-il dit.
En septembre, le comité de politique financière de la Banque d'Angleterre a estimé que les banques pouvaient faire baisser leurs réserves excédentaires, si cela sert à prêter davantage aux entreprises, tout en disant dans le même temps que les établissements devaient continuer à se renforcer, par exemple en diminuant le montant des bonus distribués.

Des avis contradictoires sur le niveau de fonds propres

Andrew Bailey, chargé de la supervision bancaire au sein de la Financial Services Authority (l'autorité de contrôle des services financiers), considère pour sa part que le comité de politique financière de la Banque d'Angleterre ne parvient pas à dire précisément de quel ordre doivent être les impératifs en matière de capitaux. La FSA a donc décidé, elle, d'aménager les contraintes en matière de liquidités et de fonds propres demandés aux banques afin de leur redonner des marges de manoeuvre pour soutenir l'économie.
Quant à Paul Tucker a estimé qu'il n'était plus "sûr" de laisser les banques déterminer elles-mêmes les garde-fous en termes de capital, appelant de ses voeux des montants obligatoires fixés par les régulateurs internationaux, à l'instar de ce qui se passe aux Etats-Unis.
Au final, les banques britanniques, déjà contraintes d'ériger d'importants garde-fous en matière de bilan depuis la crise financière de 2007-2009, sont prises en tenaille entre deux recommandations contraires des autorités de régulation, celle de tailler dans leurs réserves excédentaires et celle de renforcer encore davantage leur capital.