La banque de détail recrute au compte-gouttes

Par Christine Lejoux  |   |  551  mots
Les recrutements dans la banque de détail devraient chuter de 20% en France, en 2012, selon le cabinet Robert Walters. Copyright Reuters
L'activité la plus résistante des banques françaises est à son tour gagnée par la crise. Le cabinet de recrutement Robert Walters pronostique une chute de 20% des embauches dans ces départements, cette année.

On sait que l'emploi n'est pas au beau fixe dans les métiers de banque de financement et d'investissement (BFI). Les activités de marchés (courtage, conseil en fusions et acquisitions, etc.) ont été les premières victimes de l'aggravation de la crise financière et des réductions de bilans des banques françaises, survenues il y a un an. Mais aujourd'hui, c'est au tour de la banque de détail d'être affectée.

Dans un communiqué publié en début de semaine, le cabinet de recrutement Robert Walters évoque un premier semestre «en demi-teinte», en matière de recrutement dans la banque de détail, «prudence» et «attentisme» des établissements bancaires obligent. Certes, contrairement à la BFI, on n'assiste pas à des plans de départs volontaires. Mais, «depuis cet été, c'est le calme plat au niveau des embauches», observe un spécialiste du secteur.

Un PNB au mieux en stagnation

Il faut dire que l'activité de la banque de détail, encore appelée banque commerciale ou banque de réseau, est étroitement corrélée au produit intérieur brut (PIB). Or la conjoncture économique morose n'encourage ni les ménages ni les entreprises à solliciter des prêts pour financer des achats ou des investissements. Résultat, le produit net bancaire (PNB) des divisions de banque de détail des établissements français a au mieux stagné, au deuxième trimestre.

Pas de quoi inciter les banques à lancer des plans de recrutements massifs. D'autant plus qu'elles se trouvent en première ligne dans le projet du gouvernement d'alourdir la taxe sur les salaires, laquelle touche les entreprises non soumises à la TVA. La concrétisation de ce projet provoquerait un bond de 33% des taxes sur les banques en 2013, à quelque 3 milliards d'euros, une charge qui ne serait pas sans conséquence sur l'emploi.

Un turn-over en baisse

Dans ce contexte incertain, «le turn-over dans la banque de détail est en recul, les salariés sont devenus plus prudents dans leur volonté de changement, y compris les commerciaux, qui se disent que l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs», indique Frédéric Hatsadourian, «senior manager» chez Robert Walters. Mécaniquement, les banques ont moins besoin de recruter que par le passé.

Au total, «les recrutements dans la banque de détail en France devraient être en retrait de 20% environ, en 2012, fonctions support comprises», pronostique Frédéric Hatsadourian. Et de préciser: «Ce sont les profils les plus expérimentés qui sont affectés par la baisse des recrutements. En revanche, les banques continuent à embaucher des jeunes diplômés, dans le cadre de contrats d'alternance par exemple, pour des postes de chargés d'accueil, notamment.»

Une reprise au deuxième trimestre 2013?

Au chapitre de l'âge, justement, les banques sont en butte à une pyramide des âges vieillissante, qui devrait engendrer une vague massive de départs en retraite au cours des prochaines années. De plus, le secteur bancaire est réputé pour ses perspectives d'évolution en interne, ce qui nécessite des remplacements réguliers. Conséquence, «les recrutements en banque de détail devraient reprendre progressivement à partir du deuxième trimestre 2013, plus précisément pour les métiers de chargés d'affaires particuliers, professionnels et patrimoniaux», estime Frédéric Hatsadourian.