Réseaux de soins : l'offensive médiatique des mutualistes

Par latribune.fr  |   |  807  mots
Etienne Caniard, président de la Mutualité française. Copyright Reuters
Les mutuelles prennent la parole pour défendre les réseaux de soins qui font l'objet d'un projet de loi en discussion ce mercredi 28 novembre à l'Assemblée nationale. Elles appellent les médecins à un effort concerté dans l'intérêt des adhérents et des patients.

Ce 28 novembre alors que débute la discussion à l'Assemblée nationale de la proposition de loi sur les réseaux de soins des mutuelles, les dirigeants mutualistes mutliplient les prises de parole. Dans le journal Le Monde daté du 29 novembre, l'Union Harmonie Mutuelles et le groupe MGEN/Istya publient une Lettre aux médecins  intitulée « Nos adhérents sont aussi vos patients ». A elles deux, ces grandes mutuelles interprofesionnelle pour l'une et de la fonciton publique pour l'autre, couvrent 10 millions de personnes en France.

Mériter mieux que des procès d'intention

"Nous pensons que nos adhérents comme vos patients méritent mieux que des procès d'intention réciproques. Nous pensons que l'irrationalité et l'affectivité des discours témoignent aussi de la mauvaise compréhension que nous avons de nos réalités respectives", commencent les deux auteurs de la lettre Guy Herry, Président de l'Union Harmonie Mutuelles et Thierry Beaudet, Président des Groupes Mgen/Istya.

De son côté dans un entretien publié dans lequotidien Libération et sur son site internet,  le président de la mutualité Etienne Caniard se dit "ahuri par l'instrumentalisation de projet (de texte de loi sur les réseaux de soins, NDLR)" et estime que "les arguments vont dans tous les sens" avant d'ajouter "mon sentiment est que derrière tout cela, il y a un refus de toute régulation des dépenses de santé".

La liberté réciproque

De leur côté, les deux présidents mutualistes en appellent à la raison des médecins : "Vous demandez que vos libertés soient respectées et votre travail correctement rétribué. Nous demandons que nos adhérents aient une liberté de choix la moins possible limitée par des obstacles financiers ou géographiques. Aujourd'hui, nous savons tous que les capacités financières de nos adhérents et de vos patients sont de plus en plus restreintes par la crise. Nos cotisations comme vos honoraires atteignent leurs limites pour bon nombre de nos concitoyens".

Et Etienne Caniard de renchérir dans Libération :  "tout le monde refuse de voir la situation telle qu'elle est devenue".

Agir ensemble

"Nous avons la conviction qu'agir ensemble serait plus efficace qu'agir séparément pour mieux répondre aux besoins de nos adhérents et de vos patients en redressant le niveau de solidarité dans la prise en charge des dépenses de soins des médecins. Ce niveau a très nettement régressé depuis la fin des années 1990" indiquent Guy Herry d'Harmonie Mutuelle et Thierry Beaudet de la MGEN, soulignant que "vos patients, nos adhérents, assumaient directement environ 5 % des dépenses de soins de médecins. En 2011, ils en ont assumé 11 %, soit plus du double. Et cela malgré l'augmentation des prises en charge à 100 % ! Aucun autre grand poste des dépenses de soins n'a connu un recul aussi fort des financements solidaires".

La maîtrise des dépassements d'honoraires
 
Pour les deux présidents de mutuelles, "il faut mettre un terme à cette dérive. Chacun doit assumer sa part dans cet effort".

Mais de son côté, le président de la Mutualité française Etienne Caniard précise que "pour nous , une bonne complémentaire n'est pas celle qui rembourse sans limite, une bonne complémentaire est accessible à tous et elle régule les dépenses".

"L'avenant conventionnel n° 8 a instauré un premier cadre de régulation des suppléments d'honoraires. Il ne nous satisfait qu'en partie. Mais si une proportion suffisante d'entre vous accepte de s'inscrire dans cette logique de régulation et si cela peut permettre de débloquer la situation, nous sommes prêts à prendre en charge les suppléments d'honoraires dans le cadre du contrat d'accès aux soins selon les modalités prévues par l'avenant." plaident Guy Herry et Thierry Beaudet appelant à aller plus loin dans cette logique de régulation. 

Placer le débat à "une autre hauteur"

"Au moment où nous écrivons cette tribune, les futures dispositions de la loi sur les réseaux en discussion au Parlement nous interdiraient d'envisager avec vous toute forme de contractualisation visant un allègement du reste à charge de nos adhérents et de vos patients en contrepartie d'un effort de régulation et dans la perspective d'une convergence tarifaire", indiquent les deux mutualistes avec comme conséquence la limitation de l'intervention des mutuelles hors du contrat d'accès aux soins, "faute de visibilité tarifaire". (...)

  "Si vous pensez, comme nous, que la santé ne peut pas et ne doit pas être un marché, que c'est d'abord l'accès de nos concitoyens à des soins de qualité qui doit guider notre action et vos pratiques, alors notre responsabilité commune est de placer le débat à une autre hauteur et dans une autre perspective que ces derniers jours", interpellent Guy Herry et Thierry Beaudet.