Les banques françaises s'alarment du plafonnement de certains frais bancaires

Par latribune.fr  |   |  492  mots
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Les patrons de six grandes banques françaises ont écrit au gouvernement pour alerter sur les conséquences, notamment sur l'emploi, de certains amendements à la loi bancaire. Cette dernière devrait être adoptée mardi.

Attention à l'emploi ! Tel est l'argument brandi par les banques pour tenter de faire retirer un amendement de la réforme bancaire, qui pourrait être adopté à l'Assemblée nationale mardi.

Car, déposé par le député PS Christian Paul, un amendement prévoit de plafonner les frais bancaires en cas de découvert. Il reviendra au gouvernement de fixer les plafonds. Christian Paul souhaiterait les limiter à 5 euros par opération, et 40 euros par mois. Le projet gouvernemental proposait initialement les plus fragiles et les plus endettés, il sera finalement étendu à l'ensemble des clients des banques.

Un coût "considérable" pour les grandes banques

Une inquiétude supplémentaire pour les banques. Alors samedi, six d'entre elles, Crédit Agricole, Crédit mutuel, BPCE, la Banque postale, Société Générale et BNP Paribas, ont écrit au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault et au ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, pour leur faire part de ces inquiétudes.

"Une telle mesure coûterait des sommes considérables pour les principales banques", "or la banque de détail, une industrie qui emploie plus de 300.000 personnes en France, doit affronter une conjoncture historiquement difficile", écrivent les patrons, selon un extrait publié par Le Figaro samedi.

"Pas de chantage à l'emploi"

"Déjà en 2012, le nombre de recrutements a fléchi passant de 30.000 à 23.000, chiffre qui fait encore de la banque l'un des plus grands recruteurs privés", poursuivent-ils. Dans leur lettre, les banques proposent d'introduire deux plafonds, "l'un pour la clientèle plus fragile, l'autre pour le reste de la clientèle", ajoute Le Figaro.

Invité de BFM Business lundi matin, François Pérol, le président du directoire de Banques Populaires Caisses d'Epargne (BPCE) et l'un des signataires de cette lettre, se défend de tout chantage à l'emploi. Selon lui, cette lettre a essayé "de sensibiliser le gouvernement sur cette question. Nous disons simplement que les décisions prises ont des conséquences".

 "Protéger les particuliers"

Interrogé par l'AFP samedi, Matignon a confirmé la réception de cette lettre et a précisé que le montant du seuil des plafonds "sera fixé par décret" par le gouvernement. "Le soucis du gouvernement est de protéger les particuliers" tout en ayant conscience que le secteur de la banque de détail "représente 300.000 salariés", explique-t-on à Matignon où l'on souhaite "préserver l'équilibre".

La FBF s'était déjà inquiétée en début de semaine des effets de certains amendements de la loi sur le financement de l'économie, son président Jean-Paul Chifflet parlant de "dérapage très fort". "Si on réduit les frais, les banques doivent rééquilibrer avec plus de marges sur les crédits", avait alors souligné M. Chifflet, par ailleurs directeur général de Crédit Agricole SA.

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