Bonus : près des deux tiers des banquiers londoniens s'estiment maltraités

Par Christine Lejoux  |   |  620  mots
Plus du tiers (35%) des banquiers de la City n'est « pas satisfait » de ses bonus, révèle un sondage du cabinet Selby Jennings. Copyright Reuters
Alors que l'Union européenne veut plafonner les bonus du secteur bancaire, 64% des banquiers de la City se disent « mécontents » de leur rémunération, selon un sondage réalisé par le cabinet de recrutement Selby Jennings.

Voilà un sondage qui ne plaide guère en faveur de la City, à l'heure où le milieu financier londonien s'émeut du projet de l'Union européenne (UE) de limiter les bonus au sein du secteur bancaire. Près des deux tiers (63,9%) des banquiers londoniens se disent « mécontents » de leur rémunération globale, perçue au titre de l'année 2012, selon une enquête réalisée par Selby Jennings, un cabinet de recrutement spécialisé dans les services financiers.
Pourtant, les trois quarts d'entre eux perçoivent un salaire annuel fixe supérieur à 50.000 livres (57.274 euros), et les 25% restants gagnent plus de 100.000 livres (114.549 euros). Et il ne s'agit là que de la partie émergée de l'iceberg financier, ce fixe étant complété par une rémunération variable - le fameux bonus - pouvant représenter jusqu'à neuf fois le salaire de base chez HSBC, par exemple.

Des bonus plus de deux fois inférieurs au pic de 2008

Las ! Plus du tiers (35%) des banquiers de la City n'est« pas satisfait » de ses bonus, révèle le sondage de Selby Jennings. Certes, les bonus distribués aux banquiers de la City sont tombés à 4,4 milliards de livres sterling, en 2012, selon le Centre for Economics and Business Research. Soit un montant plus de deux fois inférieur au pic de 2008 (11,5 milliards de livres), avant que n'éclate la crise financière. Certes, 19,4% des banquiers londoniens n'ont perçu aucun bonus, au titre de 2012. Mais ils sont tout de même 13% à avoir reçu une rémunération variable représentant au moins une fois leur salaire fixe. Surtout, la crise financière, justement, est passée par là, les bénéfices des banques ont fondu comme neige au soleil et les bonus également, en toute logique.

« Une excellence insuffisamment récompensée »

Une logique qui échappe visiblement aux banquiers londoniens. Même lorsque le cabinet Selby Jennings leur demande de bien tenir compte, dans leurs réponses, de l'environnement de marché, pour le moins morose, les banquiers de la City sont encore 48,4% à juger leurs rémunérations « injustes », et à estimer que « l'excellence n'est pas récompensée. »
Des propos de nature à faire bondir les ministres des finances de l'UE, qui, à l'exception notable du chancelier de l'Echiquier George Osborne, ont conclu - le 28 février - un accord limitant les bonus annuels des banquiers à une fois leur salaire de base. Et à deux fois si une majorité qualifiée d'actionnaires de la banque l'y autorise. L'objectif : décourager les prises de risques excessives, à l'origine de la crise financière de 2008, et apaiser une opinion publique très remontée à l'égard des dérives de la finance, surtout à l'heure des politiques d'austérité au sein de l'UE.

New York est redevenue la première place financière mondiale, devant Londres

Si le gouvernement britannique admet qu'il faut réguler la finance, il ne peut cependant s'empêcher de redouter une baisse de la compétitivité de la City. Notamment par rapport à New York, redevenue en 2012 la première place financière mondiale, en nombre d'emplois, devant Londres. « La question (des bonus) est importante, il en va des intérêts britanniques. Nous voulons nous assurer que les banques internationales maintiendront leur siège en Grande-Bretagne », avait déclaré le 6 mars David Cameron, le Premier ministre britannique. Mais, bien que l'UE ait accepté de négocier quelques aménagements techniques afin de ne pas dégrader davantage les relations entre le Continent et le Royaume-Uni, l'esprit de l'accord sur les bonus, conclu le 28 février, sera gardé lors de son officialisation, courant mars. Les banquiers de la City n'ont pas fini d'être déçus par leurs rémunérations.