Les beaux jours de la banque de détail sont bien passés

Par Christine Lejoux  |   |  515  mots
Les revenus de l'activité de banque de détail de BNP Paribas ont fléchi de 2%, en France, au premier trimestre 2013. Copyright Reuters
L'officialisation, par la Commission européenne, de l'entrée en récession de la France assombrit encore les perspectives de la banque de détail. Longtemps vache à lait des banques françaises, ce métier a vu son chiffre d'affaires baisser en 2012, pour la première fois. BNP Paribas a d'ailleurs fait état, ce vendredi, d'un recul de 2% du produit net bancaire de son activité de banque de détail en France, au premier trimestre.

BNP Paribas, qui ouvrait ce vendredi le bal « des trimestriels » dans le secteur bancaire français, se savait attendue au tournant par les analystes financiers et les investisseurs. La publication des résultats trimestriels de la première banque française insiste sur la « bonne résistance », la « bonne performance » de son métier de banque de détail [collecte de dépôts et distribution de crédits, par opposition aux activités de marchés ; Ndlr]. A voir.

Certes, à l'échelle mondiale, les revenus de la banque de détail de BNP Paribas ont progressé de 0,2%, au cours des trois premiers mois de l'année, à 6,2 milliards d'euros. Mais cette évolution reflète d'importantes disparités géographiques : si la banque de détail du groupe dirigé par Jean-Laurent Bonnafé a vu son activité grimper de près de 16% dans le Bassin Méditerranéen et en Europe de l'Est, celle-ci a en revanche fléchi de 2% en France, à 1,77 milliard d'euros.

La banque de détail, une activité étroitement corrélée au PIB

Une confirmation de la tendance qui s'était dessinée en 2012, à savoir une baisse, pour la première fois, des revenus de la banque de détail en France, pour les principaux établissements de l'Hexagone. Une tendance fâcheuse, le fameux modèle de banque universelle à la française reposant précisément sur le rôle de stabilisateur que la banque de détail est censée jouer, face aux revenus beaucoup plus aléatoires de la banque de financement et d'investissement (BFI). Lesquels ont d'ailleurs fondu de 20% chez BNP Paribas, au premier trimestre, à 2,46 milliards d'euros.

Le hic, c'est que l'évolution des revenus de la banque de détail est étroitement corrélée à celle du Produit intérieur brut (PIB). Lequel a stagné en France, l'an dernier, et devrait reculer de 0,1% en 2013, selon les nouvelles prévisions annoncées vendredi par la Commission européenne. Pas de quoi inciter les entreprises et les ménages à souscrire des crédits d'investissement ou des prêts immobiliers auprès des banques. Les encours de crédit de BNP Paribas ont ainsi régressé de 2,7% en France, au premier trimestre, à 146 milliards d'euros.

Les espoirs placés dans la banque digitale

A cette faible demande de crédits s'ajoute la faiblesse persistante des taux, qui pèse également sur les revenus d'intérêt de la banque de détail, en France. Enfin, au-delà de ces facteurs conjoncturels, ce métier fait face à un changement structurel, un nombre croissant de clients délaissant les agences physiques au profit des services bancaires sur Internet. Autant de mutations qui vont contraindre les banques françaises, au cours des toutes prochaines années, à transformer en profondeur leur offre commerciale et leurs modes de distribution. Jean-Laurent Bonnafé n'a-t-il d'ailleurs pas conclu son intervention de vendredi par un rendez-vous donné à la communauté financière, pour le 16 mai, date à laquelle BNP Paribas présentera sa « nouvelle banque digitale ? » Laquelle espère fidéliser 25.000 clients d'ici à la fin de l'année, et 500.000 d'ici à cinq ans, selon l'agence Reuters.