Les banques françaises n'inquiètent pas trop les analystes, risque italien mis à part

Par Ivan Best  |   |  466  mots
Avec le réseau de BNL, BNP Paribas détient 10% du marché italien, qui inqiuète les analystesCopyright Reuters
Moody's maintient une "perspective négative" pour les grandes banques françaises, mais les situe dans une bonne moyenne européenne. Certains analystes s'inquiètent de leur exposition encore forte, à l'égard du risque italien: elles ont encore 233 milliards d'euros d'actifs en Italie

« Perspective négative » : telle est l'appréciation de l'agence de notation Moody's concernant les banques françaises. Mais toutes les banques européennes ou presque (seuls les établissements suédois et norvégiens échappent à ce jugement négatif) sont logées à la même enseigne. Les experts de Moody's, qui ont présenté ce jour leur « Outlook France » aux analystes parisiens estiment que les établissements français se situent dans une « bonne moyenne » européenne.
Les raisons de s'inquiéter ne sont pas négligeables, pourtant. Moody's en recense pas moins de cinq. La première, la plus évidente, est la récession européenne, qui déprime l'activité de crédit. Mais il y aussi la trop grande dépendance des banques françaises à l'égard des financements de marché, le coût du risque sur les prêts qui augmente continument, la future législation européenne qui réduira le soutien des Etats (cas des créanciers seniors qui pourraient être appelés à un effort en cas de faillite).

Risque italien et espagnol

Enfin, les banques françaises sont toujours exposées au risque des pays périphériques, en cas de résurgence de la crise financière européenne. Non pas vis-à-vis de la Grèce, bien sûr -ce risque a été largement éliminé- mais à l'égard de l'Espagne, et surtout de l'Italie. Considérées globalement, les grandes banques françaises ont en portefeuille 77 milliards d'euros d'actifs espagnols, et 233 milliards en Italie. Via leurs filiales, bien sûr, mais pas seulement. Une exposition qui a pu susciter des interrogations de la part des analystes auxquels Moody's présentait son étude...Mais elle ne peut poser problème qu'en cas de défaut italien ou sortie de la péninsule de la zone euro, ce qui n'est évidemment pas le scénario le plus probable. Au total, alors que l'exposition des banques françaises aux pays périphériques était de 505 milliards d'euros en juin 2011, elle était tombée à 348 milliards au troisième trimestre 2012, les pays autres que l'Italie et l'Espagne représentant un poids marginal.

Marge nette accrue sur les prêts immobiliers

S'agissant des facteurs positifs, relevés par Moody's, les banques françaises ont su accroître leur niveau de liquidité, les réserves dépassant maintenant les engagements à court terme (nets des dépôts à la banque centrale). Leurs bilans apparaissent moins risqués. Surtout, elles ont su rester largement profitables, en dépit d'un contexte défavorable, évitant de se lancer dans une concurrence à outrance, et profitant de marchés captifs. Ainsi, la marge nette sur les nouveaux prêts immobiliers a fortement progressé depuis le début de 2011. Au détriment des clients. Mais au profit d'une amélioration des bilans bancaires...