Etats-Unis : des membres de la Fed craignent une spirale inflationniste

Par latribune.fr  |   |  571  mots
"De nombreux participants" ont jugé "que l'inflation élevée pourrait s'avérer plus persistante". (Crédits : JOSHUA ROBERTS)
Avec un marché de l'emploi en pleine forme, certains membres de la Réserve fédérale américaine craignent que l'inflation record se répercute sur les salaires, entraînant une hausse des coûts pour les entreprises, et en définitive une spirale inflationniste hors de contrôle. La question cruciale d'une réduction accélérée du soutien monétaire fait de plus en plus débat aux Etats-Unis comme en Europe.

Le débat monte au sein de la Réserve fédérale américaine. Tandis que la banque centrale (Fed) de la première économie mondiale s'est déjà prononcée pour une réduction de son soutien monétaire à l'économie post-Covid dès ce mois de novembre, il reste néanmoins la question cruciale de la remontée des taux et de l'échéance à viser pour celle-ci. De fait, avec une inflation au plus haut depuis 31 ans, selon le département du Commerce, les membres du comité monétaire de la Fed se sont divisés sur les risques, et par conséquent, sur les mesures à prendre, selon la dernière réunion et les "minutes" publiées mercredi.

La progression des prix est surveillée comme le lait sur le feu à l'échelle internationale, particulièrement aux Etats-Unis où elle a atteint 6,2% en octobre.

Alors qu'ils sont garants de la stabilité des prix, les banquiers centraux craignent surtout que les salariés réclament en conséquence des hausses généralisées de rémunération pour y faire face, et que les entreprises répercutent ces hausses sur leurs prix de vente, enclenchant une spirale inflationniste très difficile à contenir.

Aussi, certains membres du comité estiment "que les augmentations de prix les plus importantes ont peut-être déjà eu lieu". Mais "de nombreux participants" ont jugé "que l'inflation élevée pourrait s'avérer plus persistante" que prévu.

Dans l'ensemble, ils voient le niveau élevé d'inflation "comme reflétant en grande partie des facteurs susceptibles d'être transitoires", souligne le compte-rendu de leur réunion des 2 et 3 novembre.

L'emploi américain en pleine forme

Pour expliquer ces craintes de surchauffe notamment, les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage aux États-Unis sont tombées mi-novembre à leur plus bas niveau en plus d'un demi-siècle. Autrement dit, la reprise du marché du travail américain est robuste.

C'est aussi potentiellement une trop bonne nouvelle, quand la Fed avait indiqué qu'elle allait se fonder notamment sur le marché de l'emploi pour déterminer le rythme de la réduction de son soutien aux marchés financiers.

La Fed a commencé à réduire de 15 milliards de dollars chaque mois ses achats d'actifs, pour les ramener de 120 milliards de dollars mensuels à zéro. A ce rythme, la Fed cesserait tout achat mi-juin 2022. Elle veut avoir achevé cette étape pour envisager la suivante: relever les taux directeurs, situés dans une fourchette de 0 à 0,25%.

Un membre de la BCE évoque une inflation "dangereuse"

Ces inquiétudes se vérifient également au sein de son homologue européenne. Tandis que la zone euro est confrontée à un épisode de "mauvaise" inflation liée à des chocs sur l'économie mondiale, la Banque centrale (BCE) veut éviter que celle-ci ne devienne "dangereuse", a affirmé mercredi Fabio Panetta, un membre de son directoire.

"La mauvaise inflation pourrait devenir une inflation "dangereuse" si des tensions haussières persistantes sur les prix désencraient les anticipations d'inflation", en les éloignant de l'objectif de 2% visé par la Banque centrale européenne à terme, "et déstabilisaient les mécanismes de fixation des salaires et des prix", a affirmé le dirigeant lors d'un discours donné à Sciences Po. Fabio Panetta appelle aussi à la "patience" face à la hausse des prix.

En zone euro, l'inflation a culminé à 4,1% pour le même mois, un plus haut en plus de treize ans.

(Avec AFP)