Philippe Heim quitte la Banque Postale après trois ans à la tête du groupe

Par latribune.fr  |   |  895  mots
Diplômé de l'ESCP, de Sciences Po et de l'ENA, Philippe Heim a débuté sa carrière en 1997 au Ministère de l'Économie et des Finances. (Crédits : DR Julien Millet)
La Banque Postale a annoncé mercredi dans un communiqué le départ surprise de son président du directoire, Philippe Heim, qui entend « se consacrer à de nouveaux projets de développement dans la finance responsable ».

La feuille de route devait s'étendre sur plusieurs années en raison des nombreux chantiers. Philippe Heim, le président du directoire de la Banque Postale ne sera finalement resté que trois ans à la tête de la banque engagée sur un vaste chantier de transformation numérique depuis sa création en 2005. Depuis, et face à la concurrence des néobanques, elle s'efforce d'accélérer sur de nouveaux services financiers pour les particuliers et les entreprises. Aussi, sa mission avait été d'installer « une banque plus diversifiée, plus digitale et affirmant son exigence dans la finance durable ».

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Contre toute attente, le départ de Philippe Heim intervient après la publication des résultats semestriels présentés au conseil de surveillance de La Banque Postale, tenu ce mercredi 2 août. Il est d'autant plus inattendu qu'il avait été reconduit fin février pour cinq ans à la tête du groupe. Signal peut-être avant-coureur, la banque annonçait le 20 juillet dernier le départ du directeur général adjoint Olivier Lévy-Barouch, « sur fond de désaccord stratégique sur l'activité investissement », selon la Lettre A.

Diplômé de l'ESCP, de Sciences Po et de l'ENA, Philippe Heim a débuté sa carrière en 1997 au Ministère de l'Économie et des Finances où il a occupé divers postes. Arrivé de la Société Générale en septembre 2020, le patron sortant aura « accéléré la transformation du modèle de La Banque Postale », souligne l'établissement. Ce dernier prévoit à présent de « se consacrer à de nouveaux projets de développement dans la finance responsable », précise le groupe dans un communiqué.

Le bilan de Philippe Heim

Philippe Heim avait été l'homme de l'Offre publique d'achat (OPA) sur CNP Assurances en 2022. Une acquisition qui a plutôt réussi au groupe qui affiche un bénéfice net en forte hausse ce premier semestre. Ces résultats « bénéficient notamment des effets de marché favorables pour CNP Assurances. Ils s'appuient sur la diversification croissante des activités de La Banque Postale », a ainsi déclaré Philippe Heim. Toutefois, lors du dernier test de résistance organisé par l'Autorité bancaire européenne, La Banque Postale est arrivée en dernière position, la faute notamment, selon elle, à « une sensibilité supérieure de la solvabilité à certains chocs de marchés » du fait de l'intégration de CNP Assurances. Elle a toutefois jugé son profil de risque « robuste ».

Sous sa gouvernance, l'établissement s'est également étoffé sur le segment de la gestion d'actifs, avec l'acquisition cette année de La Financière de l'Echiquier (LFDE), rattaché à LBP AM.

« Nous avons également déployé la banque d'investissement et de financement, avec des positions solides auprès des collectivités locales et une empreinte qui s'étend auprès des ETI et des grandes entreprises. Nous avons également développé la filière de banque privée, avec une nouvelle marque, Louvre Banque Privée, qui représente quelque 73 milliards d'euros d'actifs sous gestion », avançait encore en février dernier Philippe Heim à La Tribune.

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Le conseil de surveillance de La Banque Postale nommera dans les prochaines semaines la personne qui succèdera à Philippe Heim. C'est Stéphane Dedeyan, directeur général de CNP Assurances, membre du directoire de La Banque Postale, qui assurera l'intérim du président du directoire pendant l'intervalle, précise le groupe.

Il s'agit du troisième départ en moins d'un an de dirigeants de banques françaises, après ceux de Laurent Mignon, auquel a succédé Nicolas Namias en décembre dernier à la tête de BPCE, et de Frédéric Oudéa remplacé par Slawomir Krupa à la direction de Société Générale.

Un bénéfice net en hausse de 44% au premier semestre grâce à l'assurance

Dans la foulée de cette annonce, la Banque Postale a publié un bénéfice net en hausse 44% sur un an au premier semestre, à 580 millions d'euros, « soutenu par la performance des activités d'assurance en France ». Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur, a pour sa part grimpé de 23,1%, à 3,9 milliards d'euros.

« La marge nette d'intérêts est [affectée] par la hausse des taux de l'épargne réglementée et la pression sur les marges de crédit liée à l'application du taux d'usure », a précisé le groupe, qui ne donne pas de chiffres pour la banque de détail seule.

La hausse des taux est en théorie favorable au secteur bancaire, mais en France les gains mettent plus de temps à se faire sentir pour le secteur. En effet, la grande majorité des crédits se faisant à taux fixes, seuls les nouveaux crédits bénéficient des taux plus intéressants pour les banques, tandis que celles-ci doivent appliquer la hausse à la rémunération de tous les épargnants. L'activité de banque de financement et d'investissement, dédiée aux grands groupes, institutions et collectivités locales, a également souffert au premier semestre, avec un résultat net divisé par deux, à 99 millions d'euros.

(Avec AFP)