La néobanque néerlandaise Bunq franchit le cap des 9 millions de clients et double ses dépôts

La néobanque néerlandaise a doublé ses dépôts en quatre mois à 4,5 milliards d’euros. Désormais rentable, la banque élargit sa gamme de produits avec du cash back et un compte d’épargne multidevises. Avec ses autres challengers comme le Britannique Revolut ou l’Allemande N26, Bunq s’installe dans le paysage bancaire en Europe et dans le monde.
La néobanque Bunq a publié un bénéfice trimestriel avant impôts de 2,3 millions d'euros, une performance rare dans l'univers des fintechs.
La néobanque Bunq a publié un bénéfice trimestriel avant impôts de 2,3 millions d'euros, une performance rare dans l'univers des fintechs. (Crédits : SIPA)

Autoproclamé deuxième néobanque européenne, après Revolut, mais devant N26, la fintech néerlandaise Bunq, détentrice d'une licence bancaire, a vu le nombre de ses clients doubler en un an, pour passer de 5,4 millions à près de 9 millions, selon un communiqué de la banque. La moitié de ces clients génèrent des revenus en direct via des formules d'abonnement ou via la marge d'intérêt. Au cours des quatre derniers mois, la néobanque a doublé ses dépôts à 4,5 milliards d'euros à la fin juin (contre 1,8 milliard à la fin 2022).

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Ciblée au départ sur les « nomades indépendants », bref ceux qui voyagent beaucoup, Bunq vient d'étoffer sa gamme de produits avec un compte d'épargne multidevises, rémunéré à 3,71% (en dollars) ou 1,3% (en livre sterling). La fintech déploie également une offre de cash back (remises en espèces), de 1% sur tous les achats alimentaires par carte pour tous des abonnés aux packages de services Easy Money ou Easy Green. Les abonnés à Easy Green bénéficient également d'une remise de 2 % sur les transports publics.

Bunq a centré une partie de son marketing sur le « green » en multipliant des références écologiques. En partenariat avec Veritree, elle propose aux clients de calculer l'empreinte carbone de leurs dépenses, La fintech s'est également engagée à planter cinq millions d'arbres chaque année et communique sur un tableau de bord qui permet de suivre ses efforts en matière de reforestation.

Simple et rentable

Ce challenger se distingue surtout par sa rentabilité en affichant son premier bénéfice trimestriel en février dernier et ce, dix ans après son lancement. Presque simultanément, Revolut avait également annoncé un profit sur un exercice complet. On peut d'ailleurs s'étonner qu'il ait atteint ce seuil de rentabilité avec des modèles économiques relativement simples, basés sur la traditionnelle marge d'intérêt et les commissions sur abonnement à des forfaits de compte.

Bunq avait déclaré avoir atteint son seuil de rentabilité dès décembre 2021 et la société, valorisée 1,6 milliard d'euros en décembre 2022 lors d'une levée de fonds de 193 millions d'euros, vise le maintien de sa rentabilité en 2023, malgré les investissements en innovation, développement de produits et développement à l'international.

De son côté, Revolut, qui vise 100 millions de clients dans le monde d'ici 2025 (contre près de 30 millions fin juin), génère environ 80% de ses revenus en marge d'intérêt et commissions d'interchange, et 20% sur les commissions de services. Des structures de revenus que l'on retrouve d'ailleurs dans les banques à réseau traditionnelles. Ce qui démontre que l'effet de taille joue à plein, d'où l'importance d'acquérir un grand nombre de clients.

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Sous l'œil de régulateur

Le troisième challenger au niveau, la néobanque allemande N26 l'a vite compris en essayant de développer son fonds de commerce le plus rapidement possible pour atteindre plus de 8 millions de clients (dont 45% source de revenus) en Europe, dont 2,5 millions en France (avec un objectif de 5 millions d'ici 2025). La stratégie est la même : développer les dépôts, proposer des comptes rémunérés, voire du crédit. Rien de plus classique. Sauf que N26 perd toujours beaucoup d'argent, mais elle assure devenir rentable en 2024 (ce qui serait déjà le cas en France, selon la société).

Cette stratégie de croissance est cependant bridée par le régulateur allemand depuis la fin 2021 avec l'obligation de limiter l'acquisition de nouveaux clients à 50.000 par mois en Europe, une décision qui vient d'être d'ailleurs prolongée. Le régulateur reproche à la néo-banque d'avoir insuffisamment mis en place les procédures de lutte contre blanchiment et la fraude. Des procédures qui sont devenues assez complexes et lourdes à mettre en place, et qui constituent de facto une solide barrière à l'entrée.

Installé dans le paysage

Revolut a également du mal à se mettre dans les rails de la conformité bancaire et attend toujours son agrément bancaire au Royaume-Uni (elle dispose d'une licence en zone euro). Bunq a également été dans le viseur du régulateur, mais à réussi à gagner son bras-de-fer en justice qui a reconnu qu'elle pouvait utiliser des technologies modernes, comme l'apprentissage automatique, et non les procédures classiques, pour lutter contre le blanchiment.

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Les positions de Revolut, Bunq et N26 sont encore fragiles, avec notamment des valorisations en chute libre et des levées de fonds plus difficiles à concrétiser. Mais le passage à la profitabilité, du moins pour la Britannique et la Néerlandaise, démontre que ces challengeurs ont désormais leur place sur le marché de la banque de détail, y compris avec une offre finalement limitée.

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