Confortée en 2021, la Banque Postale accélère son modèle de banque diversifiée

La Banque Postale récolte les fruits de sa diversification, actée notamment par l’intégration de la CNP. Avec un résultat net qui dépasse le milliard d’euros en 2021, le groupe compte poursuivre sa stratégie de croissance à l’international et dans les métiers de banque de financement et l’investissement. Elle poussera également les feux sur le crédit à la consommation, avec une nouvelle offre de paiement fractionné en partenariat avec la fintech Pledg. Une offre qui sera « citoyenne », conforme donc au statut d’entreprise à mission qui vient d’adopter la Banque Postale.
La Banque Postale se transforme : elle vient donc de changer d'identité visuelle.
La Banque Postale se transforme : elle vient donc de changer d'identité visuelle. (Crédits : Jean-Michel Daix)

La « jeune » Banque Postale se porte bien. « Cette jeune banque de 16 ans a entamé une transformation de grande ampleur. Nous mesurons déjà les fruits de cette transformation, porteuse d'ambitions et de convictions. Nos résultats sont solides et notre modèle continue d'être plus diversifié et plus digitalisé », résume Philippe Heim, président du directoire, lors de la présentation des résultats 2021. Le résultat net, hors ajustement du prix d'acquisition de CNP (qui s'est traduit par un badwill - écart d'acquisition négatif - de 3,6 milliards d'euros en 2020, amorti dans le temps), dépasse la barre du milliard d'euros et le chiffre d'affaires progresse de 6% à 8,2 milliards d'euros.

Le principal motif de satisfaction du groupe reste sa diversification : son activité historique de bancassureur en France ne pèse plus que 60 % du résultat net (71% du chiffre d'affaires) alors que la banque de financement et d'investissement (BFI), « un réservoir de croissance », selon Philippe Heim, mais toute nouvelle branche officiellement lancée en 2021, contribue déjà pour 20 % du résultat (12% du chiffre d'affaires). Outre son métier traditionnel auprès des collectivités locales, La Banque Postale compte mettre le turbo sur les activités de flux, les financements structurés et les émissions obligataires.

Enfin, le pôle de bancassurance à l'international - grâce à CNP, la Banque Postale est le 3ième assureur-vie en Italie et le cinquième au Brésil - représente 14% des résultats (14% du chiffre d'affaires) quand la gestion privée et la gestion d'actifs, dernier pôle de diversification, alimente à hauteur de 6% le résultat net.

Cette diversification est le maitre mot de la nouvelle stratégie du groupe. En attendant, déjà actionnaire à hauteur de 78,9% de CNP, numéro un en France de l'assurance-vie individuelle, La Banque Postale devait lancer son offre d'achat simplifiée sur le flottant restant en mai, pour une finalisation de l'opération en juin. Le groupe a les moyens : son ratio de solvabilité CET1 atteint 19%, bien au-dessus du standard des banques (banques mutualistes exceptées).

Lancement d'une offre de paiement fractionné avec Pledg

Sur la banque de détail en France, tous les clignotants sont au vert. A périmètre constant, le produit net bancaire progresse de 5,6% à 6,2 milliards d'euros pour 686 millions de résultat net. La production de crédit immobilier a été très soutenue (+24%) et la marge d'intérêt est restée stable, le volume de crédit ayant compensé l'érosion de la marge nette des dépôts.

Le groupe compte également mener une offensive sur le crédit à la consommation, avec une nouvelle « offre citoyenne de paiement fractionné », qui sera lancée dans les quinze jours. La Banque Postale travaille déjà avec la fintech Alma dans le cadre d'un partenariat stratégique, notamment sur les données. Mais cette nouvelle offre sera lancée en partenariat avec une autre fintech, Pledg, également spécialisée dans le paiement fractionné.

La banque en ligne Ma French Bank poursuit sa conquête de clientèle, au rythme de 15.000 à 20.000 nouveaux clients par mois, « avec un coût d'acquisition le plus faible du marché grâce à notre modèle d'acquisition qui passe, pour 70% des nouveaux clients par les bureaux de poste », explique Philippe Heim. A la fin de l'année 2021, la banque en ligne revendique 425.000 clients. Elle a développé une offre premium payante, ce qui a pour conséquence d'augmenter de 45% ses frais annuels de tenue de compte, de 24 euros à 34,80 euros.

Entreprise à mission

Le plan stratégique de La Banque Postale vise à devenir « la banque préférée des Français » à l'horizon 2025 mais aussi à devenir leader dans ses ambitions sociétales. Elle est ainsi la troisième banque en France, après Crédit mutuel Alliance fédérale et Crédit mutuel Arkéa, à se doter d'un statut d'entreprise à mission, beaucoup plus contraignant et engageant que la « raison d'être ». Le groupe bancaire suit ainsi, logiquement, les pas de sa maison-mère, le groupe La Poste, devenu entreprise à mission en juin dernier.

Au passage, la Banque réaffirme ses engagements climat avec deux initiatives importantes en 2021. Tout d'abord, elle devient la première banque au monde à afficher une trajectoire de « décarbonation » certifiée par l'organisme SBTI, qui dépend de l'ONU. « En matière de climat, il faut être crédible », souligne Philippe Heim.

Ensuite, La Banque Postale a annoncé sa sortie complète du pétrole et du gaz, qu'il soit conventionnel ou pas. La filiale de La Poste était de toute façon peu exposée au secteur énergétique. Rappelons que CNP a également annoncé qu'elle ne financerait plus de nouveaux projets carbonés. Alors que la Banque Postale s'affirme de plus en plus comme une banque comme les autres, elle souhaite quand même marquer sa différence.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.