Éoliennes flottantes : Quadran se jette à l'eau

Par Dominique Pialot  |   |  600  mots
Implanté à Béziers, le développeur d'énergies renouvelables est lauréat du premier appel à projets français dédié à l'éolien flottant.

Déjà détenteur de quelque 400 MW de capacité de production d'énergies renouvelables (hydroélectricité, biomasse, biogaz, solaire et éolien terrestre) en France et à l'international, le développeur biterrois Quadran a décidé de se jeter à l'eau. Pour répondre à l'appel à projets lancé en août 2015 par l'Ademe pour la construction de fermes-pilotes d'éoliennes flottantes, doté de 150 millions d'euros et portant sur les zones de Fos, Gruissan et Leucate en Méditerranée et l'île de Groix en Atlantique, Quadran s'est installé à Port-la-Nouvelle, avec sa société de projet EolMed.

En avril dernier, l'entreprise avait déposé deux offres avec deux technologies distinctes sur deux sites, dans l'Aude. Le projet de Gruissan, où Quadrant concourait avec le flotteur en béton Damping Pool, conçu par Ideol et Bouygues et "adapté à tous les emplacements" selon le directeur général de Quadrant Jérôme Billerey, est l'un des deux projets lauréats de l'appel à projets.

Le projet Eolmed  consiste en une ferme pilote française d'éoliennes flottantes de 24 MW (4 éoliennes), installé à plus de 15 kilomètres des côtes méditerranéennes. Il doit démontrer à une échelle pré-commerciale la viabilité de cette nouvelle filière, valider les technologies (notamment celle des flotteurs) et leur mise en œuvre, ainsi que la bonne intégration environnementale du projet.

Comme Eolfi et CGN, également lauréats de cette première tranche de l'appel à projets pour 4 éoliennes de 6 MW sur la zone de Groix en Bretagne, Eolmed bénéficiera d'une aide à l'investissement dans le cadre du programme des investissements d'avenir et d'un tarif d'achat garanti pour l'électricité produite.

À Leucate, le groupe biterrois a choisi une solution en acier conçue par SBM Offshore et IFP Énergies Nouvelles. Plus léger, ce flotteur est aussi plus fragile et son coût peut varier avec les cours de l'acier. Les deux projets sont équipés d'éoliennes de 6,15 MW fabriquées par Senvion, déjà fournisseur de Quadran pour l'éolien à terre.

Des projets à fort ancrage local

À l'inverse de la Manche et de la mer du Nord, les fonds rapidement déclinants de la Méditerranée ne se prêtent pas à l'éolien offshore posé. Or le marché méditerranéen, qui pourrait voir arriver la Tunisie, la Turquie ou la Grèce, représente un potentiel de 2à 3GW. À terme, Quadran vise la construction d'une ferme commerciale de 500 MW, pour un investissement de 2 milliards d'euros. « Même en Atlantique, le posé est compliqué, observe Jérôme Billerey. Le flottant offre la possibilité de monter les machines à terre. » Autres avantages : des éoliennes installées à plus de 15 kilomètres des côtes, donc mieux acceptées par les habitants et les élus.

Toujours dans le même souci d'ancrage local, Quadran, qui a travaillé pour EolMed avec des entreprises de la région, fera appel au financement participatif via la plateforme montpelliéraine Enerfip, dédiée aux énergies vertes, pour contribuer au financement des projets sélectionnés. Sa candidature s'inscrit dans un contexte de forte volonté politique affichée par la région Occitanie : tendre vers les 100% renouvelables. Dans un mix énergétique composé d'hydroélectricité, de biomasse, d'éolien et de solaire, l'éolien flottant, nettement plus prédictible qu'à terre, représente une énergie de quasi-base.

La clôture de l'appel à projets a été repoussée pour permettre aux grands opérateurs de boucler leur dossier, mais ceux qui, à l'instar de Quadran, l'ont déposé en avril, espèrent l'annonce d'une première sélection en juillet... Les premiers kilowattheures devraient être produits en 2020.