La réparation des objets, une envie frustrée des Français

Par Giulietta Gamberini  |   |  504  mots
Parmi les objets considérés comme plus difficiles à réparer, figurent les chaussures, les lampes et les téléphones mobiles.
Plus de la majorité de la population française souhaite pouvoir réparer ses objets plutôt que de les remplacer. Un choix plus écologique et surtout moins cher que le remplacement, mais parfois entravé par les contraintes des fabricants.

« Ça ne vaut pas le coup de le réparer, autant en acheter un nouveau » : la phrase, prononcée chez le cordonnier comme dans le magasin de téléphones portables, est devenue un leitmotiv de la vie quotidienne,  jusqu'à s'imposer comme vérité quasi-générale.

Pourtant, la grande majorité de la population de l'Hexagone n'y a pas encore complètement cédé, révèle un sondage réalisé par OpinionWay pour le spécialiste de la réparation de pare-brise Carglass.

Publié lundi 24 mai - quelques jours avant le lancement de la semaine européenne du développement durable et des Repair Days, l'enquête recense plus de huit Français sur dix déclarant recourir encore plus ou moins régulièrement à la réparation plutôt qu'au remplacement de leurs objets. Plus que d'une habitude résiduelle, il semble s'agir d'un véritable choix, puisqu'une majorité encore plus large (91%) des personnes interrogées exprime le souhait d'avoir plus facilement accès  à cette solution, et que 78% de la population affirme avoir davantage envie d'acheter un objet que l'on sait facilement réparable.

Bricoler, une source de fierté

Qu'est-ce qui motive cette résistance de pans de l'économie non consumériste ? Des considérations de pouvoir d'achat surtout, selon le sondage : 62% des Français disent choisir de réparer plutôt que de remplacer pour des raisons « économiques ». Mais l'éthique rentre également  jeu : pour 58% des gens interrogés ce choix incarne aussi « une façon de consommer plus responsable » voire, pour 43%, « écologique ».

Réparer soi-même engendre d'ailleurs chez 82% des sondés un sentiment de fierté, et chez 60%  un attachement plus fort avec l'objet réparé. Les personnes qui réparent elles-mêmes leurs objets sont perçues par la majorité des gens interrogés comme « écolos » voire « créatives ».

Le remplacement, une contrainte imposée

Remplacer un objet semble ainsi être un non-choix pour un Français sur deux, puisqu'il dépend d'une « contrainte imposée par le fabricant », de plus coûteuse. Cette approche basée sur l'offre semble d'ailleurs confirmée par les objets considérés comme les plus susceptibles d'être réparés (voitures, ordinateurs, appareils électroménagers), ainsi que par les plus "difficiles" à faire réparer (chaussures, lampes, téléphones mobiles).

Si une large majorité de la population, sans distinction de sexe ni d'âge, prédit un avenir plutôt rose pour la réparation d'objets, les conditions exigées pour la généralisation de la pratique relèvent ainsi aussi plus d'une logique de consommation que d'engagement: être rassuré par la certitude que la réparation, effectuée par un expert, permettra à l'objet de fonctionner aussi bien qu'avant, mais aussi réaliser un gain financier dans un lieu de proximité.

La création ou la préservation d'emplois locaux, sur laquelle on insiste souvent pour souligner les atouts de l'économie circulaire, ne rentre en ligne de compte que pour une minorité (40%) des Français, souligne l'étude.