Siemens prêt à discuter coopération avec Alstom pour contrer GE

Par latribune.fr  |   |  718  mots
Bien que l'Etat ne soit plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg s'est invité dans le dossier, recevant toutes les parties au nom de la nécessité de prémunir la France du risque de perdre un centre de décision et d'éventuels emplois.
Siemens se dit prêt à élaborer un projet de coopération avec le groupe français, contrant ainsi les intentions rachat de l'américain GE. Le gouvernement a décidé d'annuler la réunion sur ce dossier qui était initialement prévue ce dimanche avec les responsables de GE.

Le groupe allemand Siemens a fait dimanche irruption dans le dossier du rachat des activités d'Alstom dans l'énergie, cible du géant américain General Electric.

Un conseil d'administration du groupe français est prévu dimanche pour étudier l'offre d'un montant de 13 milliards de dollars (9,4 milliards d'euros) de General Electric, avaient déclaré vendredi des sources proches du dossier.

Le président de GE, Jeffrey Immelt, est attendu dimanche à Paris, où il devait rencontrer le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg. Mais selon le Figaro, cette rencontre aurait été annulée, le gouvernement français souhaitant se donner plus de temps pour examiner les offres, notamment celle de Siemens

Le groupe allemande, déjà intéressé par le rachat des activités d'Alstom dans l'énergie en 2004, au moment du sauvetage du groupe français, est en effet entré dans la danse dimanche.

"Siemens a transmis au conseil d'administration d'Alstom une correspondance, dans laquelle l'entreprise fait part de sa disposition à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future", peut-on y lire.

Siemens ajoute que, "dans le contexte actuel", il ne donnera pas "dans l'immédiat de plus amples précisions".

Une porte-parole d'Alstom s'est refusée à tout commentaire dans l'immédiat et n'a pas confirmé réception de ce courrier.

Arnaud Montebourg avait déclaré vendredi travailler à "d'autres solutions" que General Electric et, de source proche du dossier, on souligne que l'exécutif français voit d'un bon oeil l'entrée du groupe allemand dans la négociation.

"C'est Arnaud Montebourg qui suit le dossier", explique-t-on de source gouvernementale.

Aller vite

L'entourage de François Hollande a précisé que ni le président français, ni le Premier ministre Manuel Valls, en déplacement à Rome pour assister à la canonisation des papes Jean XXIII et Jean Paul II, ne devraient voir Jeffrey Immelt.

"Le gouvernement est attentif à trois points : l'emploi, la localisation des activités et l'indépendance énergétique", souligne un conseiller de François Hollande.

Arnaud Montebourg, ardent promoteur du patriotisme économique, a indiqué vendredi qu'il disposait d'un "certain nombre d'autres solutions" qu'un accord avec GE pour éviter un démantèlement d'Alstom. Ce fleuron de l'industrie française avec, notamment, ses TGV, emploie 18.000 personnes en France sur un total de 90.000 dans le monde mais est en difficulté.

Il a estimé vendredi que l'affaire devait être traitée "avec calme et sérénité", mais GE comme Alstom qui, selon des sources industrielles, a fait appel au groupe américain, sont apparemment décidés à aller vite.

"Les discussions avancent à grands pas, la structure du 'deal' est définie et tout est presque prêt", déclarait vendredi une source industrielle à Reuters à propos de l'offre de GE.

La branche Energie d'Alstom, qui représente près de 70% de son chiffre d'affaires, regroupe des activités telles que l'éolien, les turbines pour centrales électriques, les systèmes de transmission et de distribution d'énergie. Le pôle Alstom Transport, qui fabrique le TGV, ne serait pas concerné.

"Airbus franco-allemand de l'énergie"?

Une alliance ou une fusion de certaines activités avec son grand rival Siemens donnerait corps à cet "Airbus franco-allemand de l'énergie" que François Hollande a appelé de ses vœux lors de sa conférence de presse de janvier.

Mais "la solution Siemens a été rejetée il y a longtemps, notamment parce qu'elle entraînerait un bain de sang social et serait donc inacceptable pour le gouvernement français", a souligné une source industrielle au fait du dossier.

Parmi les autres pistes, l'activité "réseaux et distribution d'électricité", qui représente 19% des 20,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires d'Alstom, pourrait être proposée à Schneider Electric ou la division éoliennes off-shore à Areva.

La position du sénateur Jean-Pierre Chevènement

L'affaire pourrait prendre une tournure politique. Le sénateur du Territoire de Belfort, Jean-Pierre Chevènement, a écrit à Manuel Valls pour lui demander "de bien vouloir faire valoir aux actionnaires et aux dirigeants des groupes concernés que ce transfert de propriété est hors de question".

Outre la question de la perte par la France d'un nouveau centre de décision, l'ancien ministre estime que la reprise de la branche énergie d'Alstom "porterait un coup fatal à l'indépendance de notre filière électronucléaire".