Thales, une ambiance à couteaux tirés

Par Michel Cabirol  |   |  611  mots
Les salariés de Thales n'ont pas le moral. Et l'ambiance serait très mauvaise. Dassault Aviation commencerait à s'en préoccuper.

Pour Luc Vigneron, arrivé à la tête de Thales en mai dernier, tout reste à faire encore pour séduire ses troupes. Car selon plusieurs sources concordantes, il règnerait au sein du groupe une très mauvaise ambiance et les salariés n'auraient pas le moral.

Ce serait notamment le cas les commerciaux. Certains se seraient vu interdire de prendre des contrats en décembre pour les reporter en 2010, l'année du renouveau. Car pour la direction, 2009 doit être une fois pour toute une très mauvaise année pour Thales, qui s'apprête à  passer un niveau de provisions historique. Une ambiance à couteaux tirés qui a fait réagir certains syndicats. Ils se sont émus publiquement de cette situation qu'ils jugent détestables et néfastes pour le groupe lui-même.

Pas de chèque en blanc

Les syndicats, qui n'ont pas non plus été séduits par la présentation de la stratégie du groupe en décembre, ne sont pas prêts à donner un chèque en blanc au nouveau PDG.

A Neuilly, au siège social de Thales, les pots de départs se succèdent. Ce qui renforce auprès de ceux qui restent qu'une page de l'histoire du groupe se tourne. Mais avec quel avenir ? Après le pot de départ mardi dernier de Sylvie Dumaine, l'inamovible directrice de la communication de Thales remerciée par Luc Vigneron pour être beaucoup trop qualifiée pour une fonction qui va perdre pas mal de son intérêt, c'est au tour de celui d'une figure historique et emblématique de Thales de sabrer une dernière fois le champagne au sein du groupe. L'ancien patron de l'international Jean-Paul Perrier, qui connaît le groupe comme sa poche, va fêter son départ ce lundi avec tous ses proches.

D'autres départs

Et ce n'est pas fini puisque certains dirigeants de l'ancienne équipe de Denis Ranque seraient également sur le départ. C'est le cas du patron de la stratégie Jean-Loup Picard en mars, puis un peu plus tard de Jean-Paul Lepeytre, ancien responsable des opérations, et enfin du directeur des ressources humaines Yves Barou à l'été.

En mai lorsqu'il soufflera sa première bougie à la tête de Thales, Luc Vigneron aura changé quasiment tout le comité exécutif du groupe. Un véritable tour de force. Seule pourrait rester Pascale Sourisse à la tête de la plus grande division du groupe Défense et Sécurité. Et encore, explique-t-on dans le groupe, il n'est pas dit qu'elle reste si elle trouve un poste intéressant ailleurs.

Il est loin le temps des propos rassurants en mai 2009 de l'Elysée et de Bercy qui ne disaient ne pas vouloir une épuration des cadres dirigeants de Thales. Cette ambiance délétère au sein de l'électronicien commencerait même à inquiéter chez Dassault Aviation, grand actionnaire du groupe. Bref, 2010 ne sera pas vraiment une partie de plaisir pour " Saint Luc ", comme certains l'avaient surnommé (correction effectuée) chez Nexter.

 

Luc Vigneron a renoncé à ses stock-options

Lors de son show devant 400 cadres dirigeants du groupe venus du monde entier le 11 décembre dernier à Paris, le PDG de Thales, Luc Vigneron, a annoncé avoir renoncé à ses stock-options pour montrer aux Thalesiens, plutôt habitués à vivre selon lui sur un grand pied, l'exemple de la rigueur. Pour autant, Luc Vigneron aurait cumulé, selon des sources concordantes, son salaire de PDG de Nexter jusqu'à l'arrivée de Philippe Burtin fin juillet à la tête du groupe public, avec celui de chez Thales. Il avait été nommé en mai PDG du groupe d'électronique.