Le Rafale pourrait enfin atterrir aux Émirats arabes unis

Par Michel Cabirol  |   |  516  mots
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Les négociations ont repris sur de nouvelles bases beaucoup plus raisonnables qu'auparavant. À Paris, on envisage une signature entre septembre et la fin de l'année.

Selon plusieurs sources concordantes, les négociations entre Paris et Abu Dhabi sur l'acquisition par les forces armées émiriennes d'une soixantaine de Rafale ont récemment repris. « C'est un classique des Émirats de négocier pendant le ramadan », sourit un bon connaisseur de ces dossiers. Cela avait été le cas pour les Mirage 2000-9 achetés en 1998 à Dassault Aviation. C'est dans cette perspective que les Émirats arabes unis (EAU) ont en quelque sorte « convoqué » il y a quelques jours l'équipe de négociations de Team Rafale et du missilier MBDA pour poursuivre les discussions, entamées officiellement en juin 2008. L'agence officielle des EAU avait alors indiqué que des « discussions préliminaires » avec la France avaient débuté en vue d'acheter jusqu'à 63 Rafale pour une somme comprise entre 6 et 8 milliards d'euros.

« Un sapin de Noël »

Avec cette nouvelle phase de négociations, qui sont passées par des hauts et des bas depuis trois ans, les Émirats ont semble-t-il changé d'attitude avec Paris. « Ce qui est nouveau, c'est qu'Abu Dhabi veut maintenant le Rafale », explique-t-on à « La Tribune ». Jusqu'alors, ce n'était pas vraiment le cas, Paris s'étant montré très insistant (voire trop) pour que le dernier né des avions de combat de Dassault Aviation décroche enfin un premier contrat à l'exportation. Du coup, les Émirats ont joué la montre tout en demandant à l'équipe française des développements technologiques sur le Rafale extrêmement coûteux qui avaient été estimés entre 4 et 5 milliards d'euros en juin 2010 par un des négociateurs français. « Le Rafale des EAU, c'est un véritable sapin de Noël », expliquait-il alors à « La Tribune ».

Ce qu'une source proche des négociations résume ainsi : « Lorsque vous rentrez dans une concession mais que vous n'avez pas besoin de changer votre voiture, vous vous montrez très exigeant avec le vendeur en lui demandant toutes les options possibles au meilleur prix. Ce qui n'est plus le cas lorsque vous avez vraiment besoin d'une voiture... ». À tel point que les Émirats sont même prêts aujourd'hui à renoncer au moteur d'une poussée de 9 tonnes (contre 7,5 tonnes pour le Rafale dans sa version actuelle), pourtant l'une de leurs exigences initiales, selon les propros récents du ministre de la Défense, Gérard Longuet (voir latribune.fr). Les Émiriens sont dans un état d'esprit complètement différents et les négociations sont beaucoup « plus raisonnables » qu'auparavant. D'autant que les observateurs du Golfe qui dissèquent les performances opérationnelles du Rafale en Libye ont été favorablement impressionnés.

Selon plusieurs sources interrogées, il est désormais envisagé par Paris, avec toute la prudence requise dans ce type de négociations, une signature entre septembre et la fin de l'année. À condition aussi d'autoriser l'exportation du missile air-air Meteor qui doit armer le Rafale. Un tel contrat, s'il aboutissait, serait bien sûr une très bonne nouvelle pour la filière aéronautique militaire française et permettrait aussi de dénouer plus facilement d'autres dossiers à l'export pour l'avion de combat qui tient la corde en Inde.