Rafale et Eurofighter au coude à coude en Inde

Par Michel Cabirol  |   |  427  mots
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Les offres commerciales des deux constructeurs seraient très proches l'une de l'autre. Objectif : vendre 126 avions de combat à New Delhi.

Les constructeurs des deux avions de combat encore en compétition pour équiper de 126 appareils l'armée de l'air indien (Air Force), Rafale (Dassault Aviation) et Eurofighter (EADS, BAE Systems et l'italien Finmeccanica), se livrent une formidable bataille commerciale pour régner dans le ciel indien. Selon des sources concordantes, les offres de Dassault Aviation et du consortium européen seraient très proches l'une de l'autre. Ce qui est déjà une surprise de taille, le Rafale étant en général bien moins cher (entre 10 % et 15 % en moyenne) que l'Eurofighter dans les précédents appels d'offre où ils ont été en compétition l'un contre l'autre.

Les trois industriels partenaires du programme Eurofighter auraient donc consenti de gros efforts sur le prix des avions à l'unité pour rester compétitifs par rapport au Rafale, un avion beaucoup plus léger. « Ils auraient accepté des sacrifices monstrueux», assure un industriel. « Les deux constructeurs y verront beaucoup plus clair à la fin de la semaine à l'issue d'une semaine de travail et de comparaison des offres », estime un autre industriel du secteur interrogé par « La Tribune » (voir ci-dessous). Pour autant, le Rafale garde, si les offres commerciales sont réellement proches, un avantage sur le plan opérationnel et technique. Les essais de l'armée de l'air indienne l'ont placé devant l'Eurofighter.

Enjeu colossal

L'autre tendance qui semble se dégager, c'est que les deux offres seraient supérieures au budget initialement consenti par New Delhi, estimé à 11 milliards de dollars (8 milliards d'euros). Selon la presse indienne, qui cite de façon anonyme des responsables gouvernementaux, le ministère de la Défense l'aurait pratiquement doublé pour le porter à environ 20 milliards de dollars (14,5 milliards d'euros), notamment pour tenir compte des contrats liés au support des appareils.

L'enjeu est colossal pour les deux constructeurs. Non seulement par le nombre d'avions de combat (126, dont 108 à assembler en Inde) mais aussi parce que les deux programmes ont autant besoin l'un que l'autre d'un nouvel élan commercial pour entretenir leurs équipes industrielles (bureaux d'études notamment) et, à un degré moindre, leur chaîne d'assemblage en Europe (18 avions supplémentaires).

Enfin, cet appel d'offre (M-MRCA) est surveillé comme le lait sur le feu par les États-Unis. Humiliés en avril puisque l'Inde avait évincé leurs deux avions (F/A-18 de Boeing et F-16 de Lockheed Martin), ils pourraient revenir dans le jeu avec le F-35 de Lockheed Martin. Sauf que les Américains ne sont pas réellement prêts au transfert de technologies massif exigé par New Delhi dans le cadre de l'appel d'offre.