L'armée de l'air suisse torpille le Gripen... préféré par son ministre au Rafale

Par Michel Cabirol  |   |  592  mots
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Selon deux rapports d'évaluation de l'armée de l'air suisse, l'avion de combat suédois n'avait pas atteint « le seuil minimal de capacités attendues » pour mener à bien sa mission de police aérienne. Ce pourquoi le ministre de la Défense suisse l'a pourtant déclaré vainqueur de l'appel d'offre suisse portant sur l'achat de 22 avions de combat.

Ce sont deux rapports ultra confidentiels de l'armée de l'air suisse, qui traînent pourtant sur internet (par exemple ici). Signés par le Commandant de corps Markus Gygax, commandant des Forces aériennes suisses, ils sont explosifs pour le ministre de la Défense Ueli Maurer qui a choisi le Gripen fabriqué par Saab, en dépit de la médiocrité des performances opérationnelle de l'avion de combat suédois évaluées par les pilotes de l'armée de l'air suisse. De quoi s'agit-il ? De deux rapports d'évaluation, l'un sur les essais en vol des trois appareils sélectionnés par Berne (Rafale, Eurofighter et Gripen) , qui se sont déroulés entre fin juillet et début décembre en 2008, et l'autre sur le standard de l'avion de combat livré en 2015 à l'armée de l'air suisse. Leurs conclusions sont sans appel, le Gripen étant classé dernier.

Choisi par Ueli Maurer essentiellement pour ses capacités à effectuer des missions de police aérienne, le Gripen n'en serait même pas capable. L'avion de combat suédois « a été évalué comme insatisfaisant pour ce type de mission. Les principaux points faibles du Gripen ont été son endurance et ses performances » lors des essais en vol de 2008. Il obtient une note médiocre de 4,20 points tandis que le Rafale décroche un 6,71 points (6,2 points pour l'Eurofighter). L'avion de combat suédois est même devancé par les performances des F-18 suisses. Et d'enfoncer le clou : « le Gripen a été le seul candidat à ne pas atteindre le seuil minimal (6 points, ndlr) des capacités attendues ». Pour les auteurs du rapport, le Rafale détient en revanche « la meilleure efficacité et pertinence pour l'accomplissement » de la mission de police de l'air aérienne.

Le rapport donne le Rafale en tête

Lors de la seconde phase d'évaluation, le Rafale progresse un petit peu (6,98), l'Eurofighter aussi (6,48) tandis que le Gripen dans sa version MS21, grâce à 48 projets de modernisation dans le domaine de la police aérienne, passe de 4,2 à 5,33 points. Ce qui ne lui fait toujours pas atteindre encore le seuil minimal des capacités attendues. En dépit de cette note, le rapport estime néanmoins que les trois avions ont la capacité à mener cette mission essentielle pour l'armée de l'air suisse. Avec une incertitude toutefois : « la probabilité du Gripen MS21 d'être incapable de mener avec succès cette mission de police aérienne est considérée comme quelque chose de possible ». En clair, le rapport reste méfiant, non pas sur les modernisations présentées par Saab mais sur la capacité des Suédois à les livrer. Pour finir, les auteurs recommandent le Rafale et la meilleure alternative, l'Eurofighter... mais ils ont une recommandations de précaution : « si le Gripen devait être choisi, de nouveaux tests et évaluations opérationnels devraient être conduits en Suisse pour évaluer l'efficacité réelle de l'avion à mener à bien la mission plus importante ».

Dans tous les autres domaines (combat air-air, reconnaissance et bombardement), le Rafale arrive toujours en tête. Ce qui lui donnait un avantage indéniable pour gagner l'appel d'offre suisse puisque l'efficacité opérationnelle comptait pour 60 % de la décision de Berne. L'aptitude opérationnelle (support et maintenance, aptitude des pilotes à maîtriser le système d'arme et compatibilité avec les infrastructures suisses) comptaient pour 15 %. Enfin, la coopération avec l'industrie suisse et les partenariats militaires étaient évalués à hauteur de 25 %. La Suisse avait également rajouté un critère politique ainsi que les risques et la tenue du calendrier.