EADS cloue au sol le projet de nouvel ATR

Par Michel Cabirol  |   |  553  mots
Filippo Bagnato, PDG d'ATR Copyright Reuters
Le constructeur d'avions régionaux turbopropulseurs souhaite lancer un nouvel appareil de 90 places. Mais pour EADS, qui détient 50 % du capital d'ATR, "il n'y pas la place actuellement pour Airbus pour lancer un nouvel avion" en raison du manque de ressources humaines au bureau d'études d'Airbus et de la surchauffe de la supply chain.

Jour de fête ce jeudi chez le constructeur d?avions régionaux turbopropulseurs ATR (50-50 EADS et l?italien Finmeccanica), qui célèbre en grande pompe la millième livraison d?un appareil ATR, un ATR 72-600 mis en service par la compagnie espagnole Air Nostrum. Outre le président exécutif de la filiale d?Iberia, Carlos Bertomeu, le patron de ATR, Filippo Bagnato, a également convié ses deux actionnaires EADS et Finmeccanica. Le président exécutif d?EADS, Louis Gallois, et le président du conseil d?administration et président exécutif de Finmeccanica, Giuseppe Orsi, seront donc à Toulouse.

Une bonne occasion pour le président exécutif de Filippo Bagnato de relancer ses deux actionnaires sur son projet d?un nouvel appareil de plus grande capacité de 90 places, pour compléter sa gamme actuelle, qui se compose de modèles de 50 (ATR-42) et 70 places (ATR-72). Un dossier important pour l?avenir du constructeur d'avions régionaux. L?analyse technique a été faite par un groupe de travail en interne chez ATR, et le potentiel du marché évalué pour cet appareil, qui volera à une vitesse de croisière de 320 kts légèrement supérieure aux modèles actuels à 270 kts.

A l?horizon de 20 ans, quelques 1.000 appareils de cette capacité pourraient se vendre, soit environ un tiers du marché des turbopropulseurs. En interne, assure-t-on à « latribune.fr », des clients sont déjà prêts à acheter ce nouvel appareil économique et robuste, dont le développement est estimé par Filippo Bagnato à 2 milliards de dollars. L?objectif affirmé de réduction de consommation s?élève au minimum à 15 % par rapport aux moteurs actuels.

Pas la priorité d'EADS

Pour autant, EADS et Finmeccanica tardent à prendre une décision prioritaire pour ATR et son président Filippo Bagnato, qui pousse au lancement de son nouvel appareil. Si l?effort financier est largement à la portée des deux grands actionnaires du constructeur régional, c?est plutôt pour des questions de ressources humaines et de sous-traitance que EADS, bien que favorable sur le principe, freine pour le moment des quatre fers. « Ce n?est pas notre priorité, explique à « latribune.fr » une source proche du dossier. On a un bureau d?études complètement surchargé. On doit aussi gérer la surchauffe de la supply chain. Il n?y a donc pas la place actuellement pour EADS pour lancer un nouvel avion ». Ce que l'on confirme en interne chez ATR " nous avons besoin du soutien d'Airbus pour lancer cet appareil. A nous de présenter un bon business case".

Chez EADS, on rappelle un rien ironique qu'il ne s'agit que de « la priorité d'ATR », tout en soulignant que l?avionneur régional est « un GIE qui existe en fonction de ses actionnaires ». « Il faut qu?il y ait l?accord entre Finmeccanica et nous-même pour lancer un nouvel avion », rappelle-t-on chez EADS. Car ce « n?est pas ATR, qui ne dispose que d?un petit bureau d?études, qui va dessiner cet avion mais celui d?Airbus. Bref, tant que le bureau d?études d?Airbus sera occupé par la lancement des trois modèles de l?A350, de l?A320 Neo et l?A400M ainsi que la gestion des problèmes de l?A380 à l?image des microfissures, ATR attendra.