2013, une année à hauts risques pour l'A380

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  562  mots
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Après Qatar Airways, qui veut reporter des livraisons à cause des microfissures, Qantas a également repoussé les siennes pour des raisons d'économies. Des décisions qui in fine vont leur permettre de disposer d'un appareil avec des voilure sans problème. Les premiers A380 sans défaut seront livrés à partir de fin 2013, début 2014.

Sale temps pour Airbus. L?année 2013 s?annonce compliquée pour l?A380. Après Qatar Airways la semaine dernière qui entend décaler ses livraisons de très gros porteurs dont les premières étaient prévues en octobre 2013, Qantas a annoncé ce vendredi qu?elle repoussait également l?entrée dans sa flotte de deux exemplaires prévus début 2013. Leur livraison est désormais prévue en 2016-2017, celle des six autres toujours en commande sont programmés en 2018-2019. Un coup dur.

Le prix catalogue d?un A380 est de 390 millions de dollars, dont l?essentiel est payé à l?avionneur à la livraison. Autant de chiffre d?affaires en moins si les créneau de livraison ne sont pas réattribués à un autre transporteur. Officiellement, la compagnie australienne justifie sa décision par une volonté de réduire ses investissements. Une motivation qui semble donc différente de celle de Qatar Airways qui, elle, met en cause le manque de visibilité sur la résolution du problème des microfissures. "Nous allons devoir différer les livraisons d'A380 jusqu'à ce que la lumière soit faite", avait indiqué le PDG de Qatar Airways Akbar al-Baker.

Baisse des cadences de la production

Alors que les cadences de production ont d?ores et déjà étaient réduites de 2,7 à 2,3 appareils par mois comme l'a révélé "latribune.fr", l?avionneur affirme pouvoir tenir son objectif de livrer une trentaine d?appareils en 2012. On verra en fin d?année. En tout cas, "on ne sait pas évaluer en 2013 l'impact des microfissures" sur le programme A380, explique une source proche du dossier chez EADS. C'est pour cela que l'année prochaine s?annonce encore plus compliquée au regard du processus prévu par Airbus pour mettre en place une solution définitive au problème des microfissures.

Explications. Aujourd?hui, sur les A380 en service, l?AESA, l?agence européenne de la sécurité aérienne demande qu?en fonction d?un certain nombre de cycles (décollages, atterrissages), entre 1.300 et 1.700, une réparation provisoire soit mise en place. Il s?agit pour faire court d?un jointage.

La solution définitive disponible fin 2012

En parallèle, Airbus a présenté à l?AESA, une solution définitive pouvant être disponible au quatrième trimestre 2012. Cette solution sera donc livrée aux compagnies aériennes, qui pourront procéder aux modifications le moment venu pendant les périodes classiques de révision (check C probablement). Alors pourquoi donc, l?année 2013 est problématique ? Tout simplement car les premiers appareils pouvant être livrés avec une voilure sans problème sont prévus fin 2013-début 2014, indique-t-on chez Airbus.

Car l?aile des appareils prévus jusqu?à cette échéance sont déjà aujourd?hui en cours de fabrication? avec les défauts entraînant des microfissures. Aussi, une grande partie des compagnies aériennes devant prendre livraison d?un A380 en 2013 savent qu?il faudra apporter la solution ultérieurement. "Tout le monde veut attendre pour disposer de la nouvelle aile, prévue en 2014", explique un connaisseur du dossier. Airbus dit ne pas être dupe. "On sait bien qu?au regard de la conjoncture morose, certaines compagnies vont prendre l?argument des microfissures pour tenter de reporter les livraisons". Les négociations s?annoncent serrées.