General Electric double son partenaire Safran sur le dossier de rachat du motoriste italien Avio

Par Michel Cabirol  |   |  399  mots
Le PDG de Safran Jean-Paul Herteman Copyright Reuters
Le dossier de rachat du motoriste italien Avio va filer sous le nez de Safran, qui avait pourtant rouvert des discussions avec le fonds d'investissement Cinven. Les discussions, qui ont été menées par la direction, font l'objet de critiques en interne.

Encore un dossier de rachat qui file sous le nez de Safran. Et le comble, c'est le partenaire de près de quarante ans (1974), General Electric (GE), qui est en train de lui souffler au nez et à sa barbe, le motoriste italien Avio, qui semblait pourtant être promis au motoriste français Snecma (groupe Safran). GE est près de finaliser à la fin de cette semaine l'acquisition d'Avio pour plus de trois milliards d'euros, avait déclaré lundi à Reuters des sources proches du dossier. Le fonds d'investissement Cinven contrôle Avio Via BCV Investments depuis son rachat en 2006. GE est intéressé seulement par les composants pour moteurs d'avions commerciaux et militaires d'Avio, mais pas par ses systèmes de propulsion pour lanceurs de satellite. Avio est depuis des années partenaire de GE, avec qui il réalise les deux tiers de ses activités dans le domaine aérien. Basé près de Turin (nord), Avio a dégagé un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards d'euros en 2011 et emploie plus de 5.200 personnes.

Critiques internes sur la façon dont les discussions ont été menées

Visiblement les discussions, qui ont été menées par Safran avec Avio, semblent faire l'objet en interne de certaines critiques. "Manque d'agressivité dans le bon sens du terme", explique-t-on. D'autant que certains autres estiment que la menace représentée par GE, qui a pourtant employé les grands moyens pour s'offrir Avio, aurait été sous-estimée par la direction du groupe, qui aura une nouvelle fois raté son rendez-vous avec le motoriste italien. L'équipementier a déjà effectivement tenté à plusieurs reprises de s'offrir Avio dans le passé. Notamment en 2003 quand Snecma (avant sa fusion avec Sagem, qui a donné naissance au groupe Safran) était prêt à acquérir Fiat Avio pour 1,2 milliard d'euros auprès du constructeur automobile Fiat. Mais l'Etat français a interdit au PDG de l'époque, Jean-Paul Béchat, de surenchérir sur l'offre du fonds d'investissement américain Carlyle, qui était associé au groupe aéronautique italien Finmeccanica, trouvant le montant de l'opération trop élevé. C'est donc Carlyle, qui emporta la mise après le retrait en mars 2003 de Snecma, pour la somme de 1,5 milliard d'euros. Le fonds américain a revendu trois ans plus tard en juin 2006 sa participation dans Avio au fond britannique Cinven pour 2,6 milliards d'euros, Finmeccanica conservant une part de 14%.