Le think tank CEPS incite l'Etat à vendre ses participations dans les groupes de défense

Par Michel Cabirol  |   |  565  mots
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Le Centre d'étude et de prospective stratégique dévoile ce jeudi soir un rapport intitulé "la défense sans fard". La Tribune dévoile quelques propositions du CEPS notamment sur le plan de la politique industrielle de l'Etat. Et lui recommande de se retirer "au plus vite de toutes ses participations au capital des sociétés et groupes du secteur" au profit de golden share.

A quelques semaines de la publication du livre blanc sur la défense, le Centre d'étude et de prospective stratégique (CEPS) dévoile ce jeudi un rapport intitulé "la défense sans fard, plateforme de propositions pour la défense et la sécurité nationale". L'une des propositions phares de ce document est de faire payer aux entreprises françaises installées à l'étranger la protection de l'armée française dont elles bénéficient... Au-delà de cet impôt kaki sur les sociétés, le think tank a travaillé sur dix thèmes pour faire avancer le débat sur les freins au développement d'une politique de défense cohérente. C'est bien sûr le cas du volet industriel. Dans un chapitre intitulé "Etat a-t-il les moyens de conduire uen politique industrielle de défense", le CEPS incite l'Etat à se "retirer au plus vite de toutes ses participations au capital des sociétés et groupes du secteur, et de s'en tenir aux golden share, qui préservent les intérêts stratégiques pour la défense de la nation".

Pourquoi une telle révolution ? Pour trois raisons. La mise en oeuvre d'une politique industrielle dans le secteur de l'armement se heurte à la conjonction "de trois objectifs contradictoires : développer la concurrence pour obtenir un meilleur prix, construire des champions industriels performants (...) et garder le contrôle de son industrie pour sécuriser l'approvisionnement en équipements critiques". Deuxièmement, les contraintes réglementaires nationales et européennes s'alourdissent et permettent de moins en moins aux Etats de favoriser leurs entreprises en leur confiant des programmes. Enfin, l'Etat est impuissant à impulser une politique industrielle alors qu'il est dans le capital de la plupart des groupes de défense. Cela a été le cas dans le cadre d'une opération d'échanges dactifs entre Thales et Safran, un dossier sur lequel l'Etat a battu en retraite face aux réticences des deux industriels. Plus classique, le CEPS propose également à l'Etat de "définir une politique de maintien des compétences stratégiques et opérationnelles critiques, inscrite dans une stratégie globale à dix-vingt ans" et de fixer "ce que l'on peut et souhaite partager". Au niveau européen, leCEPS préconise d'encourager et de laisser s'opérer "les inéluctables regroupements entre certains ensembliers et systémiers" et de favoriser "l'émergence d'un tissu industriel structuré de PME/ETI".

Espace militaire, "plus personne ne vous entend crier"

Pour le CEPS, la politique spatiale militaire française est une réelle déception. D'où l'intitulé du chapitre "plus personne ne vous entend crier"... Aussi, le CEPS dans ses préconisations, demande au ministère de la Défense de faire "entendre sa voix, de façon claire et affirmée" pour que ses besoins stratégiques et tactiques ont "une chance d'être correctement pris en compte". Et le CEPS propose notamment au ministère "de concentrer ses ressources sur ses priorités, quitte à abandonner certains projets" de "définir ceux qui peuvent être réalisés avec succès en national, en ayant recours si nécessaire et quand cela est bien fondé, à des modes de financement innovants", de "considérer l'Europe spatiale pour ce qu'elle est et ne pas en attendre davantage" et enfin "de prendre en compte, en pleine connaissance de cause, les enjeux spatiaux de l'OTAN".