Espace : le patron du CNES Jean-Yves Le Gall veut une Ariane 6 des satellites

Par Michel Cabirol  |   |  559  mots
Le nouveau président du CNES, Jean-Yves Le Gall
Dans une première interview accordée au magazine interne du CNES, CNESMag, le président du Centre national d'études spatiales, Jean-Yves Le Gall, qui a été nommé le 3 avril dernier en conseil des ministres, dévoile les grandes orientations de son action dans le cadre de son projet Ambition 2020. Deux priorités : mener à bien le développement d'Ariane 6 et relancer la filière satellite.

Le nouveau président du CNES, Jean-Yves Le Gall, est un homme carré, qui aime bien les objectifs clairs et bien définis. C'est bien pour cela qu'il a eu l'idée "de structurer" l'activité du Centre national d'études spatiales (CNES) des sept prochaines années "autour de ces deux points d'accroche : ambition et 2020". D'autant que le rendez-vous de 2020 "est le point de convergence des principaux programmes pour les sciences de l'univers, les satellites, les lanceurs, les applications...", explique-t-il dans le magazine CNESMag. D'où le projet Ambition 2020, qui va donc rythmer la vie du CNES lors sept prochaines années. En outre, ce projet est "compréhensible par nos amis anglophones", précise-t-il.

Impressionné par le projet d'Ariane 6 du CNES

Voilà pour le cadre mais quelles seront les priorités du CNES ? Pour Jean-Yves Le Gall, qui vient de passer douze ans environ à la tête d'Arianespace, la filière des lanceurs en fait bien sur partie. "Il y a eu un nouveau départ, puisque, à l'initiative de la France, l'Europe a décidé d'engager le développement d'Airnae 6, rappelle Jean-Ybes Le Gall. Et je dois dire que je suis particulièrement impressionné par le projet de la direction des lanceurs du CNES, qui est, à mon avis, le seul qui nous permettra d'être toujours numéro 1 mondial au cours de la prochaine décennie".

Sur le dossier Ariane 6, Jean-Yves Le Gall reste sur la ligne de la politique qui a été engagée par la France et l'Europe. « Pour lutter à armes égales avec ses rivaux, dont l'américain SpaceX, Ariane 6 doit avoir un coût de développement minimal, une durée de développement minimale et un coût d'exploitation minimal », avait-il précisé lors de son audition au Sénat fin mars avant d'être nommé président du CNES. Car Ariane 6 doit être compétitive face aux lanceurs des pays émergents où les salaires sont bas et des pays où l'accès à l'espace est subventionné. C'est dans ce cadre que le futur lanceur sera développé sur le principe du « cost driven », « ce qui nous permettra d'être en accord avec les enjeux du moment (contrainte budgétaire forte, ndlr) » tout en regardant ce que font les concurrents, notamment SpaceX, a-t-il souligné.

"Ariane 6 des satellites"

Pour Jean-Yves Le Gall, "il faut à présent faire la même chose (Ariane 6, ndlr) pour les satellites". Soit une "Ariane 6 des satellites". Pourquoi ? Le nouveau président du CNES est "frappé de constater que, alors que toutes les prévisions indiquaient que la concurrence viendrait des pays émergents, on se rend compte aujourd'hui qu'elle vient des Etats-Unis", qui a investi "massivement pour aider ses industriels à développer des plates-formes à propulsion électrique, qui sont en train de s'imposer sur le marché". Et de conclure sur ce sujet : "nous ne pouvons rester sans réagir". A suivre.

Enfin, Jean-Yves Le Gall ne souhaite pas laisser tomber les sciences de l'univers, qui ont fait les succès du CNES.  "Et si j'en juge par tous les projets qu'on m'a montré lors de ma première visite du Centre spatial de Toulouse, cela n'est pas près de s'arrêter. Nous avons devant nous des rendez-vous d'importance, que j'attends avec impatience, comme celui de la rencontre de la sonde Rosetta et son atterrisseur Philae avec le noyua de la comète Churyumov-Gerasimenko".