L'Airbus A350 débute sa campagne d'essais en vol : attention, phase délicate !

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  705  mots
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L'A350 XWB effectue ce vendredi son premier vol qui marque le point de départ de la campagne d'essais en vol, une étape incertaine et délicate. Airbus vise une certification rapide d'ici 12 à 14 mois, afin de livrer le premier exemplaire d'ici à fin 2014 à Qatar Airways. Pour relever le défi de ce calendrier serré, Airbus ne doit pas prendre de retard dans la mise en vol des quatre autres appareils prévus pour la campagne d'essais.

C'est le grand jour pour l'A350 XWB. Six ans et demi après son lancement commercial, le premier exemplaire du nouveau biréacteur long-courrier (270-350 sièges) d'Airbus va voler pour la première fois ce vendredi à 10 heures au départ de Toulouse.
Au-delà de l'effervescence qui entoure cet événement exceptionnel pour l'industrie aéronautique européenne, il s'agit d'une étape cruciale pour le programme A350. Ce premier vol marque en effet le point de départ de la campagne d'essais, censée être rapide puisqu'Airbus entend livrer son premier exemplaire à Qatar Airways au « deuxième semestre 2014 », avec environ un an et demi de retard par rapport au calendrier initial. La certification de l'appareil est prévue d'ici 12 à 14 mois, dit-on chez Airbus, quand il en a fallu 22 pour l'A380 et 21 pour le B787 qui visait initialement une durée très courte de 9 à 12 mois. Pour le B777, qui a été mis en service en 1995, il avait fallu 11 mois. 

La certification laborieuse du B787
Le B787 est un bon exemple. Sa certification difficile rappelle bien que les essais en vols constituent une phase incertaine et délicate . Après son premier vol le 15 décembre 2009, la campagne d'essais fut semée d'embûches, notamment quand, en novembre 2010, à trois mois seulement de la première livraison, un feu s'était déclaré à bord, obligeant Boeing à clouer les six appareils d'essais pendant de nombreuses semaines. La durée de la campagne d'essais avait au final plus que doublé. Pour rappel, tout comme le B787 en son temps, l'A350 effectue son premier vol au moment où le programme essuie un retard d'environ un an et demi .

Le cinquième appareil aura des batteries classiques
Sans même parler de cas aussi extrêmes que ceux rencontrés par Boeing, une campagne d'essais dévoile obligatoirement des problèmes plus ou moins importants. L'A350 constitue un saut technologique important, même si Airbus a été plus conservateur que Boeing. Ces imprévus, il faudra les débugger rapidement, car le calendrier est serré. Pour tenir son objectif de livraison du premier appareil d'ici à la fin 2014, Airbus ne devra pas prendre de retard (qui entraînerait des pénalités à payer aux clients) pour faire voler les quatre autres A350 prévus pour la campagne d'essais. Le deuxième exemplaire (le MSN3), est aujourd'hui en cours d'assemblage. Il devrait voler en septembre. Le troisième (MSN2) est prévu pour voler début 2014. Il sera le premier équipé d'une cabine passagers, aujourd'hui en préparation, et fera des vols de longue durée. Les deux autres, (MSN4 et MSN5) doivent voler au printemps 2014. Le dernier doit d'ailleurs être le seul à être équipé de batteries nickel-cadmium, celles qui seront certifiées et qui ont été choisies par Qatar Airways. En effet, les quatre premiers avions seront équipés de batteries lithium-ion, lesquelles ont défrayé la chronique cette année sur le Boeing 787. « Si Airbus ne parvient pas à mettre en vol trois avions d'essais d'ici à la fin de l'année, l'objectif d'une livraison d'ici à la fin 2014 sera difficilement tenable. Le dernier appareil est notamment crucial puisqu'il sera le seul à être équipé de batteries nickel-cadmium, les seules qui seront certifiées », explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities. Pour autant, la bonne gestion du programme et son respect du calendrier depuis sa révision en juillet dernier, appellent à la confiance. Entre le roll-out (sortie d'usine), le 13 mai dernier et le premier vol aujourd'hui, il ne se sera écoulé que cinq semaines, contre plus de deux ans pour le B787!

Montée en cadence
Au-delà de la période d'essais, Airbus doit aussi monter en cadence au niveau de la production. L'avionneur table sur une cadence de trois avions par mois en 2014 pour atteindre progressivement 10 appareils par mois en 2018. Rolls Royce, l'unique motoriste du programme, se déclare prêt pour la hausse des cadences. « Nous avons 1300 moteurs Trent XWB en commande. Nous comptons en produire 280 par an d'ici à 2017, soit un par jour ouvrable », explique Michel Dubarry, le président du groupe en France. Le moteur a déjà été certifié.

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