Et François Hollande atterrit au salon du Bourget dans un Airbus A400M

Par Michel Cabirol  |   |  642  mots
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François Hollande a fait son arrivée ce vendredi au salon aéronautique du Bourget à bord de l'A400M. Le nouvel avion de transport militaire d'Airbus, qui a collectionné de nombreux avatars.

Et si François Hollande - himself - lançait enfin la carrière à l'export de l'avion de transport militaire A400M d'Airbus Military, qui a jusqu'ici collectionné les avatars techniques et financiers. A son arrivée, le chef de l'Etat a salué cet appareil vedette du salon, en mesure de transporter jusqu'à 37 tonnes sur 3.300 km, et de poser sa charge - hommes, blindés ou hélicoptères - au plus près du front sur des terrains non préparés, même dans le sable. "Il est prêt et ça va être un grand succès. Succès pour les armées qui vont l'utiliser, parce que ça va être un gain de temps - et donc un gain d'argent - et puis succès commercial, et donc un gain d'emploi", a déclaré François Hollande, qui a précisé que l'appareil serait "au rendez-vous du 14 juillet", lors du traditionnel défilé. "Je suis ici dans un salon, l'aéronautique, qui permet à l'industrie française de montrer son excellence et de faire apparaître aussi les possiblités d'emploi pour aujourd'hui et pour demain", a-t-il insisté.

L'A400M en a donc peut-être définitivement fini avec son chemin de croix. Après de nombreux déboires industriels et techniques, l'avion de transport militaire européen est enfin l'une des grandes vedettes du 50ème salon aéronautique du Bourget, où il vole... pour la première fois. Contrairement à 2011, où un problème de moteur - un pignon cassé - l'avait cruellement cloué au sol quelques semaines avant ses vols de démonstration. Deux A400M, dont le premier appareil qui doit être livré à l'armée de l'air française avant le 14 juillet, seront exposés au salon du Bourget. Comme l'a révélé La Tribune, l'exemplaire, qui sera livré à l'armée de l'air, a déjà une immatriculation défense.

Le bon avion au bon moment ?

Pour EADS et ses sous-traitants, le 50ème salon du Bourget représente pour ce programme très ruineux (6,2 milliards de dépassements de coûts) un nouveau départ. « Ce programme ne sera jamais rentable », reconnaît-on au sein du groupe EADS. Mais, en excluant les provisions supportées par EADS (plus de 4 milliards d'euros), les commandes des sept pays membres du programme vont permettre au programme d'être à l'équilibre vers la fin de 2022, explique-t-on dans le groupe. Avec les premières livraisons, en principe quatre appareils seront remis en 2013 - trois à la France (juillet, mi-août et peut-être fin décembre, voire début janvier) et un à la Turquie (fin septembre-début octobre) -, l'A400M devrait avoir le potentiel de séduire de nouveaux clients à l'export. « Nous avons déjà un avion mature, assure le président d'Airbus Military, Domingo Urena. Il est prêt, ce n'est plus un projet de papier. Nous avons le bon avion au bon moment ».

Entre 50 et 100 appareils vendus dans les dix prochaines années

L'avionneur compte montrer d'ici à la fin 2013 l'A400M dans le Golfe et en Asie-Pacifique, où l'Australie notamment a exprimé un intérêt. Le patron d'Airbus Military, Domingo Urena, qui prévoit la vente de 400 d'A400M sur 30 ans, évaluent dans les dix années à venir, entre 50 et 100 appareils vendus sur les marchés export. « Entre 30 et 40 pays pourraient être intéressés par cet appareil », estime-t-il. Mais, auparavant, l'avionneur doit encore développer une version export moins sophistiquée que celle configurée OTAN, qui par exemple des communications cryptées par satellite. "Cet appareil n'a pas été pensé pour l'export, explique-t-il. Nous devons développer des équipements pour le rendre exportable". Seule véritable ombre, le nouveau programme brésilien d'Embraer le KC-390, bien qu'il soit limité par sa charge d'emport (payload), pourrait lui voler une partie du marché en entrée de gamme.