EADS pourrait supprimer jusqu'à 8.000 emplois dans ses activités défense et espace

Par M.C.  |   |  806  mots
EADS s'apprête à annoncer un plan de réorganisation drastique de sa filiale Défense et Espace, qui pourrait se solder par 8.000 suppressions de postes.
Selon l'agence allemande DPA, le groupe aéronautique et de défense s'apprête à annoncer un plan de restructuration de sa filiale Défense et Espace, qui pourrait se solder par 8.000 suppressions de postes. Soit une baisse des effectifs pouvant atteindre "jusqu'à 20 %".

"Une chose est certaine : sans des mesures draconiennes, ça ne marchera pas", avait affirmé fin octobre le patron d'EADS, Tom Enders, à propos de la restructuration des activités de défense de son groupe. Et selon des sources interrogées par "La Tribune", toutes assuraient que cette restructuration allait être "sanglante". Ce sera bien le cas. Car selon l'agence allemande DPA, le groupe aéronautique et de défense s'apprête à annoncer un plan de réorganisation drastique de sa filiale Défense et Espace, qui pourrait se solder par 8.000 suppressions de postes.

Le regroupement par EADS du groupe de défense Cassidian, du groupe spatial Astrium et d'Airbus Military au sein d'une division Airbus Défense et Espace pourrait être accompagné d'une baisse des effectifs allant "jusqu'à 20 %", selon DPA. Les trois entreprises emploient ensemble 40.000 personnes. "Nous ne pourrons pas éviter de nouvelles réductions des coûts et des effectifs", avait assuré dans une interview accordée fin octobre au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Nous allons maintenant travailler avec beaucoup d'ardeur sur les possibilités d'intégration et de synergie au sein de la nouvelle division". Des annonces sont attendues pour le 9 décembre, lors de la prochaine réunion du comité d'entreprise européen à Munich.

EADS annoncera le 9 décembre l'ampleur de la restructuration

Un porte-parole d'EADS à Paris, contacté par l'AFP, a assuré qu'"aucun chiffre n'a été décidé. Aucun chiffre n'existe" et qu'il ne voyait donc "pas de raison de commenter" ces informations. "Nous présenterons d'abord nos projet aux comités d'entreprise avant de communiquer", a-t-il ajouté. En Allemagne, où se trouvent une bonne partie des activités d'EADS dans la défense, le syndicat IG Metall de Cassidian n'était pas joignable immédiatement pour commenter l'information.

Le 12 novembre, un comité européen EADS, qui réunit les organisations syndicales européennes et la direction du groupe, avait tenu une réunion extraordinaire à Toulouse (sud-ouest de la France) sous la présidence de Tom Enders, mais aucun chiffre n'avait filtré. Le patron du groupe y avait réaffirmé les grandes lignes de la réorganisation qui accompagnera le changement de nom d'EADS en groupe Airbus, à l'été 2014.

13 milliards de chiffre d'affaires dans la défense et l'espace

Cette restructuration est jugée inévitable après la fusion avortée avec le britannique BAE Systems, préparée en secret à l'été 2012 avant d'échouer en octobre devant les réticences gouvernementales, allemandes surtout. C'est tout le groupe EADS qui sera touché. Le ménage a été fait dans la gouvernance en persuadant la France, l'Allemagne et l'Espagne -les trois États fondateurs du groupe - de se retirer, pour normaliser le fonctionnement d'EADS qui aspire à être "une société comme une autre".

La baisse continue des budgets militaires a également infléchi la stratégie du groupe, qui n'ambitionne plus d'équilibrer recettes civiles et militaires. Avec 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires, Airbus Défense et Espace devrait néanmoins pointer au dixième rang mondial du secteur. EADS avait déjà annoncé en novembre 2012 une première réorganisation de Cassidian. Il avait alors annoncé la suppression jusqu'à 850 postes par départs volontaires.

Test & Services en vente

EADS a déjà laissé filtrer quelques orientations concernant la défense. La confirmation de la vente de la filiale Cassidian Test & Services, spécialisée dans les bancs de tests pour les équipements aéronautiques, par le patron d'EADS France, Marwan Lahoud, avait provoqué un conflit social en France en octobre.

Les activités hôpitaux de campagne ou encore des ponts mobiles pour traverser les rivières seront probablement abandonnées. Ces cessions toucheront essentiellement l'Allemagne. Pour les activités concernant l'espace, le flou demeure. En revanche, Airbus Military, principalement situé en Espagne, pourrait être moins affectée alors que démarre juste la fabrication en série du nouvel avion de transport militaire A400M.

Un bénéfice net en hausse de 45 %

Alors que EADS s'apprête à couper sévèrement dans ses effectifs, le groupe a annoncé la semaine dernière un bénéfice net en hausse de 45 % au troisième trimestre et a relevé une nouvelle fois ses prévisions de commandes brutes d'Airbus cette année, à 1.200 appareils. Le bénéfice net d'EADS a atteint 436 millions d'euros de juillet à fin septembre, un bond de 45 % sur un an. Pour les neuf premiers mois de l'année, la hausse est de 36 % à 1,2 milliard d'euros.

A l'occasion de la présentation des résultats du troisième trimestre, Tom Enders s'est dit "satisfait des progrès réalisés dans la réorganisation des activités militaires et spatiales du groupe au sein de la nouvelle Division Airbus Defence and Space", pour laquelle une évaluation des coûts potentiels sera faite au quatrième trimestre.