La France envisage de bloquer la vente des navires militaires Mistral à la Russie

Par MC avec AFP  |   |  643  mots
le Vladivostok, le premier des deux BPC commandés en novembre 2011 par la marine russe pour 950 millions d'euros
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius envisage d'annuler la vente de navires militaires - deux Bâtiments de projection et de commandement - à la Russie.

La France "pourra envisager" d'annuler la vente de navires militaires français Mistral à la Russie "si Poutine continue ce qu'il fait" en Ukraine, a déclaré lundi soir le chef de la diplomatie Laurent Fabius, tout en soulignant que les autres pays européens devraient aussi prendre des sanctions. "Ca fait partie du troisième niveau des sanctions. Pour l'instant nous sommes au deuxième niveau", a précisé Laurent Fabius sur TF1.

"Si Poutine continue ce qu'il fait, nous pouvons envisager d'annuler ces ventes mais nous demanderons à d'autres, je pense notamment aux Britanniques, de faire l'équivalent avec les avoirs russes des oligarques à Londres. Les sanctions doivent toucher tout le monde", a-t-il déclaré, soulignant que l'annulation du contrat Mistral serait aussi "négatif pour les Français". En 2011, la France a signé avec Moscou la vente de deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral.

Les ministres de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et des Affaires étrangères ont d'ailleurs reporté leur déplacement à Moscou initialement prévu ce mardi au lendemain d'un référendum en Crimée qui a attisé les tensions entre la Russie et l'Occident. Le Kremlin avait annoncé la semaine dernière que Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius se rendraient le 18 mars dans la capitale russe pour prolonger la discussion téléphonique sur l'Ukraine entamée le 12 mars entre François Hollande et son homologue russe Vladimir Poutine.

Vers un isolement de la Russie

L'Union européenne et les Etats-Unis ont sanctionné lundi de hauts responsables russes ou pro-russes ukrainiens pour riposter à Moscou après la décision sans précédent de la Crimée de se jeter dans les bras de la Russie. A Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé des sanctions - restrictions de visas et gels d'avoirs - contre 21 responsables ukrainiens et russes, tandis que Washington a sanctionné onze personnes, responsables russes ou pro-russes. De telles sanctions sont inédites dans l'histoire des relations UE-Russie depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.

L'option militaire exclue, les Occidentaux comptent sur l'impact d'un isolement international croissant de la Russie. Ils se réservent la possibilité d'imposer des sanctions économiques et commerciales (le niveau 3 évoqué par M. Fabius) susceptibles d'avoir des conséquences bien supérieures car les Etats-Unis et l'UE comptent parmi les trois principaux partenaires de Moscou.

Mise à l'eau du Vladivostok en octobre dernier

En octobre dernier déjà, c'était presque en catimini que les industriels (DCNS - maître d'œuvre - et STX France) ont mis à flot à Saint-Nazaire, le Vladivostok, le premier des deux BPC commandés en novembre 2011 par la marine russe pour 950 millions d'euros, l'un des très rares gros contrats signés lors de la présidence de Nicolas Sarkozy. Les BPC sont des bâtiments longs de près de 200 mètres environ. Le Vladivostok dont la construction a débuté en février 2012, devrait être remis fin 2014 à la marine russe à l'issue des essais en mer.

Le chantier russe de Saint-Pétersbourg OSK a participé à la construction du Vladivostok en tant que sous-traitant de STX France. Il a notamment assemblé la partie arrière du BPC avant qu'elle ne soit acheminée vers Saint-Nazaire. Lancé en 2000, le programme BPC est un peu aujourd'hui le "couteau suisse" de la marine française, qui en a reçu trois exemplaires (Mistral, Tonnerre et Dixmude). Il peut aussi bien servir de porte-hélicoptères (6.400 mètres carrés de pont d'envol), de transport de matériels (jusqu'à 59 blindés, dont 13 chars Leclerc), de bateau de commandement grâce à son système de communication (Thales), de navire hôpital ainsi que d'évacuation de personnes. Lors de l'opération Baliste lors du conflit entre le Liban et Israël en 2006, 4.753 personnes avaient pu être ainsi évacuées.