Ukraine : interdiction pour Boeing et Lockheed d'acheter des moteurs russes pour des fusées américaines

Par latribune.fr  |   |  487  mots
Premier round gagné par SpaceX face à Boeing et Lockheed Martin
Ce sont les effets indésirables de la crise ukrainienne sur les groupes américains. Un tribunal américain a interdit à une société conjointe formée par Lockheed Martin et Boeing d'acheter des moteurs russes utilisés sur un de leurs lanceurs. Motif : violation des sanctions américaines contre des responsables russes.

Un tribunal américain a interdit à une société conjointe formée par Lockheed Martin et Boeing, United Launch Alliance (ULA), d'acheter des moteurs russes utilisés sur un de leurs lanceurs car cela violerait les sanctions américaines contre des responsables russes. Cette décision a été rendue tard mercredi à la suite d'une action entreprise lundi par la société SpaceX contre l'armée de l'Air américaine pour avoir attribué en bloc des contrats de lancements de satellites de plusieurs milliards de dollars exclusivement à ULA, détenue à parts égales par Lockheed Martin et Boeing, sans aucune concurrence.

Ce processus "revient à empêcher des sociétés comme SpaceX d'être en lice pour l'octroi de lancements de satellites destinés à la sécurité nationale", avait fait valoir le PDG de SpaceX, Elon Musk. SpaceX critiquait aussi ULA pour utiliser un moteur russe dans l'un de ses deux lanceurs, Atlas 5, ce qui pourrait constituer une violation des sanctions de Washington contre Moscou pour son rôle dans la crise en Ukraine.

Rogozine dans la ligne de mire de SpaceX

Elon Musk estime que le contrat attribué à ULA pourrait bénéficier à Dmitri Rogozine, le Premier ministre russe adjoint, qui est à la tête de l'industrie militaire du pays et figure sur la liste des personnalités visées par les sanctions américaines. La décision de la juge Susan Braden interdit à ULA d'effectuer des paiements au motoriste russe à qui elle achète les moteurs de fusée, à moins que les départements d'Etat, du Trésor et du Commerce spécifient que ces paiements ne sont pas une violation directe ou indirecte des sanctions.

Le montant des achats potentiellement affectés reste incertain. Un responsable du Pentagone avait indiqué en mars que ULA avait suffisamment de moteurs pour deux ans. En outre, les commandes passées avant la date de cette décision ne sont pas touchées.

Quid du contrat signé?

La juge ne dit mot sur l'essentiel de la plainte de SpaceX qui porte sur l'attribution de ce contrat sans processus concurrentiel. Ce contrat, qui prévoit 36 lancements de satellites de défense nationale d'ici à 2030, avait été octroyé à ULA en décembre 2013. Il est estimé au total à 70 milliards de dollars. Elon Musk affirme que SpaceX pourrait effectuer ces lancements à un coût nettement moindre qui ferait économiser des milliards de dollars aux contribuables américains.

"Nous avons certaines inquiétudes quant à la stratégie d'octroi de ces contrats, leurs coûts et l'avenir de ce programme", avait déclaré en mars le sénateur démocrate Dick Durbin, président de la sous-commission des attributions budgétaires du Sénat, précisant que le coût de six lancements de satellites par an en moyenne pour l'US. Air Force avait augmenté de 60 % de 2011 à 2014. D'autres membres du Congrès ont dernièrement apporté leur soutien à SpaceX, dont l'influent sénateur républicain John McCain.