La Russie a-t-elle toujours les moyens de financer la modernisation de son armée ?

Par latribune.fr  |   |  345  mots
Le président Vladimir Poutine devra trancher entre le ministère de l'Economie et celui de la Défense sur l'enveloppe budgétaire consacrée à la modernisation de l'armée russe.
Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, veut faire des économies sur le montant budgétaire consacré à la défense.

C'est un classique dans tous les pays, les bisbilles budgétaires entre le ministère de l'Economie et celui de la Défense. C'est aussi le cas en Russie... "Moscou n'a pas les moyens de financer son programme de modernisation des forces armées", a déclaré ce mardi le ministre russe des Finances, Anton Silouanov. "Un nouveau programme de défense va être élaboré, et nous voulons reconsidérer le montant des ressources budgétaires qui y seront consacrées afin de le rendre plus réaliste", a-t-il expliqué.

Anton Silouanov est, au sein du gouvernement, le représentant d'une aile pragmatique qui estime que les dépenses publiques doivent être revues à la baisse en raison des contraintes qui pèsent sur la Russie, à commencer par les sanctions européennes et américaines que lui vaut sa politique en Ukraine.

Pas question pour Rogozine

Inscrit sur la liste des personnalités visées par les sanctions américaines, le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, chargé de la modernisation des forces armées, a affirmé qu'il n'était pas question de raboter le programme militaire. "Le programme en lui-même, de même que les fonds qui lui ont été alloués, ne peuvent être sujets à une révision", a-t-il récemment rappelé dans une interview au quotidien Kommersant. Il reviendra donc au président Vladimir Poutine de trancher.

En l'état, le programme de dépenses militaires, conçu en 2011, prévoit de moderniser 70 % des équipements militaires de la Russie d'ici à 2020 pour un coût estimé à 23.000 milliards de roubles (environ 450 milliards d'euros). A l'époque de son élaboration, le gouvernement russe tablait sur une croissance annuelle du PIB de l'ordre de 6 %. Elle ne devrait pas dépasser 0,5 % cette année, et le FMI comme la Banque mondiale prévoient une stagnation de l'activité russe sur les deux prochaines années.

"Lorsque nous adoptions ce programme de défense, les prévisions économiques et les projections de rentrées fiscales étaient totalement différentes. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus nous le permettre", a conclu Anton Silouanov.